Kotor, le 28/08/06.
Nous sommes en ex-Yougoslavie depuis le 29 juillet date de notre arrivée à Kranj chez nos amis Melita et Aljosa que nous avons rencontrés il y a 10 ans à Pittsburgh.
Après un mois passé à sillonner cet “ ex-pays ”, j’avoue n’avoir toujours rien compris à son histoire, sa politique, les raisons qui ont poussé à la guerre et les directions que prennent chacun des petits pays qui ont émergé du chaos.
La Slovénie qui fait partie de l’Union Européenne depuis 2004 nous a accueilli sous la pluie pendant 7 des 9 jours que nous y avons passés. Pour l’occasion Aljosa nous avaient prêté la maison de ses parents absents (une grande maison dans la banlieue de Kranj, bien confortable surtout sous les intempéries). Nous avons donc rayonné depuis cette base pour profiter des paysages superbes de ce pays montagneux très préservé : lacs cristallins, paysages karstiques, grotte hallucinante que l’on parcourt pour moitié en train. C’est un peu comme dans une mine de charbon mais avec des concrétions calcaires à la place du coke et pas de risque de grisou. Un guide spéléologue franco-slovène nous a fait une visite passionnée en retrait de la horde de Slovènes, d’Allemands et autres Italiens et nous a gratifié de l’extinction des lampes pendant quelques secondes. C’est un sentiment incroyable : aucun bruit, aucune lumière, aucun repère : le néant.
A notre arrivé à Kranj, nous sommes tombés en plein festival annuel local et les rues ne désemplissaient pas de badauds venus écouter les troupes folkloriques en costume ou les derniers groupes branchouilles Slovènes au grand damne d’Aljosa qui était en plein mixage de son troisième album et qui ne décolère pas au sujet de l’industrie du disque en Slovénie et de ses produits de mauvaise qualité.
J’envie la vie d’Aljosa et de Melita qui ont su trouver l’équilibre parfait entre travail et passion. Il est prof à l’université, elle est juriste dans une grosse boite. Ils élèvent leur fils Swen et sortent leurs albums comme ils viennent et partent en tournée pour l’occasion.
Après nous être ressourcés, nous quittons ce modèle de vie, la modernité de la Slovénie et la gentillesse pudique de ses habitants pour la Croatie.
La Croatie ne fait pas partie de l’Union Européenne et aimerait y entrer en 2008 ou 2009. Contrairement à la Slovénie qui a acquis sont indépendance sans quasiment de conflit, la Croatie intérieure est encore marquée par la guerre. Le niveau de vie est bien plus faible et il faut rejoindre la côte pour retrouver une économie boostée par le tourisme de masse.
Car c’est en grande partie cela la Croatie, plusieurs centaines de kilomètres de côte ravissante (mer bleu turquoise, montages plongeant dans l’eau, pins parasols et cyprès) où se succèdent des campings gigantesques remplis d’Italiens, d’Allemands, de Polonais et de Hollandais.
Le début de notre séjour avait bien commencé dans les lacs de Plitvice (système de lacs de montagne reliés par des cascades). C’est l’un des plus beaux sites naturels qu’il m’ait été donné de voir.
Les montagnes passées, l’arrivée sur le littoral nous a offert une vue plongeante sur l’île de Pag dont le paysage lunaire au milieu de l’Adriatique était éclairé au soleil couchant. Récompense de longues heures de route.
Par contre une fois la côte atteinte nous n’avons erré quelques jours dans ses méga-campings bruyants, au placement anarchique, à la promiscuité pesante et à l’accueil froid (pas d’échappatoire possible car le camping sauvage est sévèrement puni en Croatie).
Car c’est ainsi, les croates profitent de la vague qui porte leur activité touristique et abusent allègrement de cela avec arrogance.
Il a fallu attendre près d’une semaine pour enfin trouver un camping à taille humaine où nous avons pu profiter des paysages somptueux de l’Adriatique pour finir par l’une de ses perles : Dubrovnik.
Après avoir fait le plein de beaux décors, nous avons fait route vers la Bosnie.
La Bosnie marque pour moi le début de notre tour du monde. D’abord parce qu’après un mois de périple je réalise que ce qui ressemblait à des vacances estivales itinérantes prend des allures de long voyage, ensuite parce que tout ce qui s’offre à mes yeux m’était inimaginable.
A ma grande surprise, la Bosnie est la porte entre l’Occident et l’Orient. Moi qui m’attendais à vivre cela à Istanbul, je suis subjugué par tant d’influence musulmane à cette distance de la France. Les villes, les villages regorgent de mosquées (j’en compte parfois 4 ou 5 sur quelques centaines de mètres) qui cohabitent avec autant d’églises. L’artisanat, la cuisine, l’architecture et les vêtements sont eux aussi largement inspirés de l’Orient pour une grande part.
En fait la Bosnie est comme un mille feuille de civilisations avec une couche Ottomane, une couche Ostro-hongroise, une couche Titiste et une couche d’apocalypse avec la purge ethnique qui y a eu lieu il y a un peu plus de dix ans.
Les villes sont à vous donner le cafard, les bâtiments sont en ruine et les impacts de balles ou les trous d’obus omniprésents sont les stigmates de la violence des combats.
Le fait que les traces sont encore visibles plus d’une décennie après l’arrêt des combats en dit long sur l’état de l’économie de ce pays.
Les paysages, les villages, les villes sont truffés de cimentières à perte de vue où s’alignent des tombes de civils dont le dénominateur commun est l’année d’inhumation.
C’est une des images qui m’a le plus marquée.
Outre cette réalité terrible, la gentillesse des gens est absolue. Sur 7 nuits nous avons été recueillis 5 fois par des familles qui nous ont ouvert leur jardin et leur cœur.
Il nous a été en effet difficile de faire du camping sauvage car sortir des routes représente un certain risque compte tenu des mines qui persistent dans la région (4% du territoire).
La Bosnie reste un temps fort de notre voyage avec ses 8 jours de contraste, ses rencontres, ses chocs et ses surprises.
D’ailleurs à ce sujet nous avons été cambriolés une nuit à Sarajevo et choses assez surprenante, le voleur a bien sûr pris l’autoradio, a forcé la boite à gants mais il n’a pas daigné prendre l’iPod qui s’y trouvait et a préféré piquer les deux trousses de jouets des filles qui sont désespérées par tant de barbarie.
Nous sommes depuis deux jours au Monténégro fraîchement séparé de la Serbie où nous goûtons aux charmes de l’anse de Kotor. Petit paradis sur terre, épargné par la guerre où la monnaie est l’euro !
Comme je vous le disais l’ex-Yougoslavie est bien complexe…
Sinon le moral est bon, bien meilleur que le physique car nous commençons à accuser le coup de notre itinérance. Isabelle et moi avons beaucoup remis en cause notre mode de voyage et surtout le choix du véhicule. Il nous est difficile de faire machine arrière mais nous songeons fortement à nous poser en Grèce dans deux endroits (un dans le Péloponnèse et un près de Thessalonique) et de rayonner depuis là pour découvrir ce beau pays au gré de l’avancement du CNED que nous devrions commencer dans une semaine. Margot est toujours aussi enthousiaste et volubile avec tout le monde. Marie est très dure et semble vivre beaucoup plus difficilement le voyage. Nous prêtons bien sur beaucoup d’attention à cela mais elle nous prend énormément d’énergie. Eve fait ses nuits de manière anarchique mais elle reste très facile à vivre. Le plus dur est devant nous car elle vient de faire ses premiers pas et ne semble plus vouloir rester dans la poussette. A suivre…
Au plaisir de vous lire.
Greg.
jeune adolescente furtive et en quête de liberté,j'avoue que j'envie de beaucoup votre vie...!
Bon voyage donc!!!!
Rédigé par : emi | 30 décembre 2007 à 21:27