Istanbul, le 14 novembre 2006
En tout et pour tout nous sommes restés 5 semaines en Grèce et contrairement à ce que nous attendions nous n’avons pas vu les images de cartes postales des villages aux maisons de chaux blanches, aux volets bleus et aux terrasses de cafés bondées de petits vieux dégustant leur ouzo en égrainant des chapelets de perles.
Bien sûr nous avons fait l’essentiel des vestiges de la Grèce Antique (l’Acropole, Delphes, Olympie) et les sites moyenâgeux (Mystra, les Météores) mais nous avons également passé beaucoup de temps à Athènes à nous protéger des pluies diluviennes qui s’abattaient.
Ce que nous retiendrons de la Grèce c’est que ce pays a donc été une étape majeure dans notre voyage et une sorte d’eldorado après notre petite virée surréaliste de quelques jours en Albanie.
Nous retrouvons avec satisfaction des routes droites et lisses, des panneaux de signalisation en bonne et due forme et des supermarchés ou autres commerces à n’en plus finir. Bref tout le confort du monde moderne qui nous a permis de nous ressourcer un peu et reprendre notre souffle.
Barouder c’est sympa mais acheter de la moutarde et de la nourriture bébé c’est assez essentiel !
C’est l’absence de confort qui nous rappelle combien notre environnement développé est finalement agréable (ou combien nous y sommes formatés, question de point de vue…).
Des sites historiques, ce qui nous a le plus marqué, c’est qu’au-delà de l’intérêt des vestiges archéologiques, les sites naturels sont d’une grande beauté avec leurs collines couvertes de pins et leurs champs d’oliviers, d’eucalyptus et de vignes dans les plaines. Les bâtisseurs grecs avaient avant tout du génie pour choisir le lieu.
C’est cependant en visitant les musées, extrêmement bien faits, que nous avons compris à quoi devait ressembler ces citées du temps de leur splendeur. Car il faut bien avouer que les tas de pierres ne donnent pas vraiment une bonne vision en 3D.
D’ailleurs le Parthénon, que j’avais idéalisé, m’a laissé de marbre (c’est le cas de le dire) car depuis quelques années il est en complète réfection. En effet, à grand en renfort d’informatique, les conservateurs ont trouvé que les colonnes déjà remontées au 19ème siècle avaient été mélangées (franchement ça ne se voyait pas à l’œil nu). Donc on démonte, on remet dans l’ordre et on remonte. Tout ça avec la plus grande des lenteurs. Il y a tellement d’échafaudages que je me suis cru un instant au centre Pompidou. Mais ne jouons pas les blasés, l’ensemble est tout de même saisissant.
A Athènes après un cours séjour dans un camping improbable dans une banlieue chic genre Neuilly, nous avons été hébergés par l’adorable Kalioppé (amie d’une amie) qui nous a laissé son appartement en plein cœur d’Athènes pendant une semaine.
Athènes et une ville tentaculaire de 3 millions d’habitants (1/3 de la population grecque), difficile à vivre. La ville ne dort jamais et la pollution sonore est à son paroxysme.
Circuler à pied avec une poussette ressemble à Paris-Roubaix et ses pavés, et les pluies torrentielles déversant 30cm d’eau sur les routes ne nous ont pas facilité la tâche.
Détail qui a son importance, les taxis sont des vrais nazes. Ils pratiquent le car-sharing en prenant plusieurs passagers allant dans la même direction. Bien sûr chacun paye la course comme s’il était seul à bord.
Dans ces conditions, allez trouver un chauffeur qui accepte de prendre une famille avec trois enfants et une poussette sous une pluie battante.
Nous avons tout essayé même le coup de l’auto-stoppeuse avec Isa laissée seule sur le bas côté le bras tendu. Ca marche, ils s’arrêtent mais quand je bondis hors du fourré avec les trois filles aux basques et la poussette, ils redémarrent en trombe sous les jurons d’Isa.
Quand par bonheur notre subterfuge fonctionne, le chauffeur fume clope sur clope dans sa voiture comme si nous n’existions pas. Un vrai bonheur.
Nous profitons de notre long séjour à Athènes pour trouver un moyen d’agrandir notre attelage tant celui-ci c’est avéré petit au cours de ces 3 mois.
Nous cherchons en vain une caravane en Grèce et finalement c’est en Belgique que nous en trouvons une très bon marché.
Retour express en ferry, ponçage, enduit, peinture etc…, en tout nous passons 5 semaines en France.
Nous voilà de nouveau de retour en Grèce par le même chemin et nous reprenons notre périple là où nous l’avions laissé : à Athènes. Cette fois, nous sommes gentiment hébergés par Anne et Arnaud dans leur superbe maison de la banlieue huppée au nord de la ville.
Retrouver la Grèce vide de touristes au mois de novembre est un vrai plaisir même si nous avons tout de même souffert du froid et du vent.
C’est par -1°C que nous avons visité Delphes et n’ayant trouvé qu’un seul petit convecteur électrique le soir de notre arrivée sur place, nous l’avons mis dans la caravane pour que les filles ne meurent pas de froid. Pour Isa et moi la nuit a été supportable sous la couette mais le réveil a été très dur et nous sommes donc partis à la recherche d’un deuxième convecteur le lendemain.
Aujourd’hui nous sommes donc équipés pour l’hiver tant que nous trouvons de l’électricité pour nos bivouacs…
Ne pouvant pas rester facilement dans les grandes villes c’est sur une plage déserte à 30km de Thessalonique que nous nous sommes échoués pour quelques jours. Echoués et bien le terme car l’arrivée de nuit fut assez épique.
Façon David Vincent dans le générique des « Envahisseurs » nous avons cherché un raccourci que jamais nous n’avons trouvé…
A la nuit tombée après plusieurs heures de route, les enfants fatigués et affamés, je me plante lamentablement dans le sable mou.
Par de problème, l’option 4x4 de notre fourgon va me permettre de me sortir de là sous les hourras de ma famille fière de moi. Et là, l’horreur, les 4 roues tournent bien mais s’enfoncent mollement dans le sable.
Pas de problème, les plaques de désensablage que nous trimbalons depuis la France vont nous sortir de là sous les hourras de ma famille fière de moi. Et là, de nouveau l’horreur, les plaques s’enfoncent mollement dans le sable pour disparaître 50 cm plus en profondeur.
Une petite lueur au loin nous invite à aller chercher de l’aide et un sympathique pécheur grec vient me sortir de l’embarras en 4 coups de pelle, une corde et son 4x4 Lada.
Dorénavant, c’est promis, je ne dirai plus de mal des Lada.
C’est encore sous une pluie battante que nous quittons Alexandroupoli, notre dernière étape grecque. Les camions turcs que nous croisons nous signalent que la frontière est proche.
C’est une sorte de no man’s land enjambé par un autopont gardé par des militaires en faction à chaque extrémité.
Déjà au loin le drapeau rouge au croissant blanc nous indique que l’Orient est proche.
Nous avons repris notre rythme et sommes déterminés plus que jamais à aller de l’avant.
A bientôt.
Greg
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