Pas besoin de réveil, Eve s’en charge par nous tous les matins entre 7h30 et 8h et Margot nous l’apporte toute chaude dans notre lit dans le camion. C’est l’heure de la tétée et du câlin familial. Le matin nous prenons notre temps. On se retrouve à 5 dans le lit qui heureusement est grand mais impossible de faire la grasse matinée, les filles font des cabanes sous les draps et Eve joue systématiquement avec le contenu de la trousse de toilette et commence par se laver les dents.
On émerge vers 9h et Greg poussé par les filles, sort courageusement le premier pour aller acheter du pain et préparer le petit-déjeuner.
On garde nos traditions françaises du sacro-saint «pain-beurre-confiture» et les filles prennent en général des céréales en plus. Ici en Iran, le pain est délicieux. Il en existe plusieurs sortes, le «lavash» plat et fin, délicieux quand il est frais, il acquiert vite la consistance du carton ensuite et le «sangak», le meilleur, long et épais. On le déchire à la taille voulue. On prend le petit-déjeuner dans la caravane.
Le temps de ranger, de faire la vaisselle, un peu de ménage et d’habiller tout le monde, on ne décanille jamais avant 10h30.
Puis, on visite toute la journée jusqu’à 17h, heure à laquelle la nuit commence à tomber et qu’il fait plus froid. On s’arrête tous les midis déjeuner dans un restaurant. En général, on choisit des petites gargotes typiques et qui ne payent pas de mine. On est rarement déçu. Après 3 semaines passées en Iran, on commence à saturer sérieusement des kébabs/riz. Il y en a de toutes les sortes : kébabs de poulet, d’agneau, du chef, spécial du jour… C’est bon mais c’est lassant. Pareil pour la soupe : il n’y a qu’un modèle celle à l’orge perlé et au yaourt, plus ou moins épicée.
Bien sûr, il n’y a pas d’alcool. Les Iraniens boivent des sodas (Coca-Cola sous licence malgré l’embargo américain ou bien du Parsi-Cola), nous de l’eau, du thé (le «chai») ou du yaourt au lait fermenté salé. La bière sans alcool, la Delester locale est assez décevante et ne vaut pas une bonne Heineken.
Eve s’endort très difficilement dans sa poussette et est très active toute la journée. Le déjeuner au resto est spécialement éprouvant mais il y a souvent une âme charitable qui s’en occupe pour nous laisser déjeuner tranquilles. Elle a de plus en plus de vocabulaire en anglais et salue tout le monde d’un «Hello» très british auquel chacun est tenu de répondre sous peine de s’entendre répéter, comme une litanie, la même phrase des dizaines de fois !
Quand il fait trop froid, nous nous réfugions dans les musées où Marie et Margot aiment dessiner. Sinon, on se promène dehors.
Nous découvrons en Iran que « Trop de gentillesse, tue la gentillesse » et même si chacun individuellement est absolument charmant, ne sachant que faire pour nous être agréable, les invitations à déjeuner, à dîner, à dormir car « il fait trop froid dans la caravane », les gâteaux, bonbons et autres sucreries offerts à longueur de journée aux enfants, les «Puis-je vous aider ? Comment vous appelez-vous ? Quel âge ont les enfants ?» incessants et surtout, surtout les photos des filles entrain de dessiner, de marcher, de courir ou de se promener…sont assez épuisants (il paraît que caresser une tête blonde porte bonheur).
Nous avons l’impression d’être parfois des animaux de foire mais le pire c’est qu’on ne peut rien leur refuser tellement ils sont gentils !
Vers 17h, nous rentrons donc au campement passablement épuisés. Les filles jouent tranquillement dans la caravane une petite heure et au moment où on aimerait se délasser un peu, il faut faire les devoirs, préparer le dîner, faire un brin de toilette mais pas trop et s’occuper d’Eve qui tombe pour la dixième fois du lit, mange nos papiers importants, réduit en bouillie les jouets de ses sœurs. Bref, la vie comme à la maison, quoi !
Trop occupés à lutter contre le froid depuis notre arrivée en Iran, nous avons passablement délaissé les devoirs des enfants. Mais comme elles sont rapides nous rattraperons facilement le retard sous des cieux plus cléments. Nous agrémentons le CNED de quelques dictées de chansons françaises ou anglaises qui leur permettent de développer leur vocabulaire, leur mémoire et leur goût pour les vieux tubes des années 60 et 70. Elles ont à leur actif : «Lili» de Pierre Perret, «Tu peux préparer le café noir» d’Eddy Mitchell, «Le déserteur» de Boris Vian ou encore «For me, Formidable» d’Aznavour (on n’est tout de même pas passé loin de l’Arménie).
Eve dîne, pour le bien de toute la famille, avant tout le monde et se couche à 20h dans le camion. Nous dînons tranquillement dans la caravane. Pâtes, soupes , boulgour, céréales…On échange nos idées sur ce que l’on a vu dans la journée, on reparle des bons moments passés en France et des gens qui nous manquent et on imagine comment sera le prochain pays devant la carte du monde accrochée au mur.
Tous les soirs, nous lisons un conte du pays (en ce moment c’est les contes des Mille et une nuits) et à 21h les enfants sont couchés. Nous tenons beaucoup à avoir des horaires fixes et des rituels répétitifs ce qui donne un cadre rassurant aux enfants et leur permet de garder des repères immuables.
Nous refusons les invitations à dîner avec les enfants (ils restent dormir dans la caravane devant la maison de nos hôtes) et nous n’allons jamais dormir à l’hôtel (d’ailleurs on dort beaucoup mieux dans nos lits). Nous devons d’ailleurs souvent nous justifier en expliquant que nous ne sommes pas en vacances contrairement aux apparences.
21 heures, commence la vraie vie des parents mais pas pour longtemps car nous sommes épuisés nous aussi. Un petit DVD sur l’ordinateur, un mail ou deux, une petite remise à jour du blog, le tri des 12 647 789 photos de la journée et hop… au lit !
Les enfants ont le chauffage électrique dans la caravane et nous coupons le chauffage au gazoil dans le camion pour la nuit que nous remettons en marche à l’aube. Il fait 7 degrés dans le camion mais avec les draps, la couvertures polaire et la couette en plumes de canard «grand froid» de chez Ikéa, on dort comme des bébés.
Et le lendemain, c’est reparti pour de nouvelles aventures !
Isa
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