Ça y est nous sommes en Inde, plus exactement a Goa légèrement au sud. Nous avons pris l’avion depuis Dubaï (un vol de nuit Indian Airlines des plus sommaires, pas de télé, quelques rares oreillers et couvertures et des hôtesses de l’air même pas belles !)
Quant à notre maison roulante, nous l’avons embarquée sur un bateau à Dubaï. Nous avons trouvé cette compagnie maritime grâce à notre ami Nicolas, français expatrié à Abu Dhabi qui travaille pour Total. Nous préférons attendre tranquillement à Goa le temps du dédouanement au port de Bombai qui risque d’être très, très long.
C’est le bon endroit pour prendre contact avec ce pays en douceur. C‘est un état à peu près riche et propre (enfin au sens indien du terme).
Notre copine indienne, Aruna, que nous avions rencontré à Dubaï, nous a trouvé une pension sympa dans le village où elle est née. Elle va peut-être venir nous rejoindre bientôt si son travail le lui permet. En attendant nous avons déjà fait connaissance avec sa gentille sœur, son pasteur de mari (ça nous poursuit !) et leurs deux filles de l’âge de Margot et Marie. Wellington, le pasteur, s’est fixé comme mission d’aller évangéliser les hippies venus de tous les coins du monde, s’adonnant à la drogue et cherchant la foi et la paix intérieure dans les ashrams indous. Il paraît qu’ils sont 50 000 l’hiver à venir sur les plages de Goa.
Ils nous ont invité à déjeuner chez eux. Contrairement à Aruna, ils ne sont pas très riches. La religion ne paye pas. C'était intéressant de discuter de l’Inde avec une famille « middle class ».
Nous sommes installés dans une pension hallucinante, pas loin de la plage et du superbe et tout récent hôtel Hyatt. On squatte régulièrement ses piscines, ses toboggans aquatiques et ses chaises longues en toute impunité, enfin jusque-là…
La pension est un palace, comme dit notre copine Aruna. C’est une maison récente de 450 m2 qui semble être construite autour d’un immense escalier central à la « Autant en emporte le vent ». Il doit y avoir au moins 200 m2 perdus rien que pour lui avec au centre un petit bassin avec des poissons. Il y a du carrelage absolument partout du rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage d’une propreté immaculée. Madame Henriette Da Costa, descendante directe des conquérants portugais, est complètement maniaque et a en permanence un couple de serviteurs à demeure qu’elle loge très sommairement dans une baraque au fond de son jardin, tout en ayant le plus grand mépris pour eux qui ne sont pas catholiques comme elle mais indous.
Cette vieille dame nous est apparue tout d’abord charmante, dévouée et serviable. Au bout de quelques jours, sa vraie personnalité maniaque et intransigeante s’est révélée et les enfants ne la supportent plus. Avec nous les adultes, elle est toute mielleuse. Enfin, elle n’a pas que des défauts car il est quand même bien agréable de profiter d’une jolie maison bien entretenue (ce que nous supposions assez improbable en Inde) et en plus elle cuisine divinement bien et pas trop épicé.
Nous découvrons le climat tropical. Il fait chaud et humide. À notre descente de l’aéroport, je me suis dit que je ne pourrai jamais supporter ce climat et finalement au bout de quelques jours, on finit par s’habituer à transpirer en abondance. Pendant notre séjour en Inde, nous ne pourrons sûrement pas dormir dans nos véhicules car il est très difficile de trouver des endroits tranquilles où s’arrêter et surtout, il fait trop chaud. Nous préférons une pension pour pouvoir prendre une douche tous les soirs et dormir avec la clim ou au moins un ventilateur. On profite des heures les plus chaudes de l’après-midi pour faire les devoirs au frais avec les grandes pendant qu’Eve fait sa sieste.
Le soir, vers 17h, nous allons nous balader sur la plage et nous regardons le coucher de soleil pendant que les filles prennent un dernier bain et jouent dans les vagues. C’est le meilleur moment de la journée, le vent souffle une petite brise tiède fort agréable.
Il se dégage de Goa une atmosphère très douce et paisible, une certaine langueur qui vient peut-être de la brume de chaleur, des chants d’oiseaux et de tous les bruits de l’activité humaine, le sifflement du train au loin, le bruit mate et sourd des ouvriers qui montent des échafaudages en bois pour construire les maisons, le klaxonne du vélo du vendeur de poisson…
La végétation est luxuriante et dense, cocotiers, palmiers, bananiers avec beaucoup de buissons épais et entremêlés de lianes. Dans les quelques jardins bien entretenus, on trouve toutes nos plantes dites « d’appartement » version géantes, ficus, arbre caoutchouc, cordyline, hibiscus… La terre est rouge, très fine et poussiéreuse. Elle recouvre tout d’une épaisse couche terne. Après une journée de ballade, nous rentrons sales de la tête au pied.
Tous les gens sont gentils, calmes, sans une once d’agressivité. Nous nous préparions à être sur la défensive, à serrer nos sacs de près craignant qu’on ne nous les vole toujours prêts à éviter une escroquerie. Mais ce n’est absolument pas le cas. Bien sûr, nous devons marchander âprement chacun de nos achats mais cela reste toujours cordial et bon enfant.
Nous sommes allés au fameux marché d’Anjuna où des centaines de petits étals forment un labyrinthe de tentations. Les boutiques sont tenues aussi bien par des paysans en tenues traditionnelles (spéciales touristes) que par des vieux hippies tatoués, aux cheveux longs et au visage émacié installés là depuis les années 60. On y trouve de tout, des T-shirts, de l’artisanat, des bijoux, des sacs, toutes sortes de vêtements, de l’encens, des coiffeurs et même des nettoyeurs d’oreilles.
Margot et Marie se sont fait faire des tresses et nous avons fait notre marché de babioles pour 3 francs 6 sous.
L’attrait principal de la région de Goa est la beauté du paysage et les plages à perte de vue. Les maisons traditionnelles goanaises, anciennes maisons portugaises maintenant en complète désuétude, ont cependant un charme et un attrait indéniables malgré leur état de décrépitude avancée. Quant aux nombreuses vieilles églises de la période coloniale, de taille impressionnante, elles ne présentent que peu d‘intérêt. Elles manquent de finesse et l’ornementation intérieure est lourde et disgracieuse. Nous en ferons rapidement le tour.
Nous visitons la région en taxi que nous louons généralement à la journée. Nous apprenons ainsi à nous repérer et nous nous familiarisons avec la conduite à gauche et le code de la route indien plutôt aléatoire. Nous nous attendions à bien pire et heureusement Greg a été rodé en Albanie et en Iran mais Bombai nous réserve sûrement bien des surprises…
Isa
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