Nous quittons Melbourne que nous avons survolée trop rapidement sans doute.
Nous empruntons la route qui va nous amener à Ballarat, ville-musée minière.
Le paysage victorien est très rural et ressemble fort à nos pâturages ou à nos forêts d’Europe (seules les essences d’arbres nous rappellent que nous en sommes pourtant loin).
La ville tout entière est tournée vers son passé aurifère qui commença au milieu du XIXème siècle après la découverte de gisements en 1851.
On a du mal à imaginer qu’en l’espace de quelques années des dizaines de milliers de prospecteurs venus des quatre coins de la terre, et particulièrement de Chine, déferlèrent dans cette région.
Après avoir épuisé les gisements alluviaux, ils creusèrent des mines profondes dans le quartz et déboisèrent la région sur des kilomètres à la ronde pour étayer le sous-sol.
La ville autrefois très riche a gardé de beaux édifices victoriens qui la rendent fort agréable.
Comme partout en Australie, tout est bien organisé et nous achetons sans attendre le pass qui nous donnera accès au musée de l’or et à Sovereign Hill, le musée vivant en plein air retraçant une cité aurifère de 1860 avec des figurants costumés.
Le musée de l’or explique l’histoire de la ruée vers l’or australienne qui n’a rien à envier à celle des Etats-Unis. On y trouve également de beaux spécimens de pépites trouvées à travers l’Australie et particulièrement dans la région de Ballarat. On se met à rêver…
Le lendemain nous passons la journée à déambuler dans les rues de Sovereign Hill et à pénétrer ses édifices fidèlement reconstitués.
L’ambiance est génialement retranscrite et tout est fait pour plonger le visiteur dans le XIXème siècle. Pas de pub, pas de marques affichées, impossible de trouver un Coca !!!
On y boit des sodas de fruits et on y mange des tourtes à la viande comme au bon vieux temps.
On peut également profiter des démonstrations continues sur l’artisanat de l’époque avec les outils et les techniques d’autrefois. C’est ainsi que nous regardons faire les forgerons, les charpentiers, les charrons, les chandeleurs, etc.
Mais le clou de la journée est sans nul doute le moment où, les pieds dans l’eau, nous tentons notre chance dans la rivière avoisinante pour trouver de l’or.
Muni de « pans » et de pelles nous creusons le fond pour en extraire un mélange de sable et de gravier que nous lavons, tamisons, égrainons à loisir.
Soudain, nous n’en croyons pas nos yeux, de fines paillettes d’or scintillent au fond de notre « pan ». C’est l’euphorie ! Le virus est pris, nous sommes faits pour l’orpaillage !
Après quelques heures, toujours courbés, nous repartons fièrement avec une éprouvette contenant les fines particules de métal précieux. Ce n’est pas le début de la fortune mais cela récompense largement nos efforts et surtout cela nous donne la preuve qu’on peut trouver le métal jaune par soi-même.
L’expérience de Sovereign Hill a rendu Isabelle accro. Elle veut passer à l’étape d’après et acheter un détecteur de métal pour continuer la quête. On se met à rêver de battre le record de la plus grosse pépite jamais trouvée (62kg sous les roues d’une charrue il y a 150 ans !), mais aussi de trésors Incas qui pourraient croiser notre route autour du monde.
Un bref tour d’horizon des revendeurs et de la technologie disponibles nous fait nous décider pour un Minelab 3500 d’occasion. Il ne s’agit pas d’un vulgaire détecteur pour repérer des gourmettes sur les plages mais bien du top des détecteurs d’or avec compensation-dynamique-de-teneur-en-minerai-du-sol-et-tout-et-tout. Notre nouveau joujou qui, faute de place, trône sur notre lit, va occuper le plus clair de nos journées à partir de maintenant. Le soir même nous nous rendons à Crestwick où, sur les conseils du vendeur, il y aurait de l’or.
Dès notre arrivée, je règle la machine et Isabelle part avec son pic en acier trempé dans la forêt, toute excitée.
Après des heures de recherches, elle revient à la nuit tombée, bredouille, mais déterminée comme jamais.
Le lendemain matin, pendant les devoirs des petites, la revoilà qui repart tenant d’une main sa machine, l’autre agitant son pic pour faire fuir les mouches qui l’assaillent.
A l’heure du repas, c’est une femme épuisée qui nous rejoint, pestant contre les milliers de clous rouillés ou autres capsules de bière qu’elle a déterrés. La conclusion de ces essais est qu’il va falloir prospecter à deux : un qui scanne, l’autre qui creuse ! Il suffit de bien tirer la courte-paille…
Pendant les jours qui suivent, nous choisissons les endroits de nos bivouacs en y mettant tout notre instinct, nous marchons pendants des heures dans les cours des rivières asséchées à l’ombre d’eucalyptus majestueux. Les filles participent à ces balades et y vont même de leurs conseils intuitifs : « Par là ! Non ! Plutôt par là !».
Les trous laissés par d’autres prospecteurs nous découragent cependant un peu. La plupart font presque 1 mètre de profondeur et autant de diamètre.
On se dit que c’est donc le tribut à payer pour trouver de l’or que de suer sang et eau en déplaçant des montagnes de terre et de pierres.
Jusque là, on se contentait de gratouiller la surface au moindre bip de notre machine ou de piocher comme des brutes sans vraiment faire attention à ce qu’on faisait, toujours persuadés de trouver LA pépite énorme qui brillerait de tous ses feux et qu’on ne pourrait pas rater !
Au bout de plusieurs jours, il faut se rendre à l’évidence, trouver de l’or demande de la patience, du temps et beaucoup de savoir-faire.
Notre patience commence à s’émousser et celle des enfants encore plus. Marcher pendant des heures, lutter contre les mouches voraces et se faire enguirlander parce que les boucles des sandalettes font « interférence » avec la machine, n’est pas du goût de nos filles.
Notre temps dans le triangle d’or est compté car nous devons prendre le ferry pour la Tasmanie d’ici quelques jours.
Quant au savoir-faire, on se fait l’oreille en lançant nos alliances dans les fourrés et on creuse profondément, mais très lentement, en prenant soin de bien inspecter les mottes de terre.
Bref, le moral des troupes est au plus bas et on commence à envisager sérieusement de revendre cette foutue machine.
Elle a du le sentir et elle a enfin mis tous ses circuits à contribution pour nous redonner espoir.
Tout est allé très vite. Après un copieux déjeuner qui nous laisse un peu lourds, nous casons les enfants devant un DVD et repartons dans la forêt d’eucalyptus (qui sent le suppositoire d’après Marie).
Au bout de quelques dizaines de minutes, un nième bip nous sort de notre digestion et nous commençons à creuser sans grande conviction. Pas de clou ? Pas de canette ? Tel un cochon truffier, nous creusons plus encore. Nous scannons le tas de terre, le bip est toujours là !
Je gratte minutieusement et soudain devant nos yeux incrédules, une sorte de petit bout dur, tout fripé, entouré de terre humide apparaît. Nous venons de trouver notre première pépite !
Nos hurlements de joie ont du faire peur aux koalas alentour et nous nous précipitons vers le camion. Les filles ont passé la tête par la fenêtre en se demandant si Isabelle ne s’est pas planté le pic dans le pied. Elles sont folles de joie lorsque nous la nettoyons avec notre brosse à ongle. Elle n’est pas bien grosse mais a une jolie forme aplatie et bosselée.
Sans plus attendre nous repartons là où nous avons laissé notre détecteur en plan et recommençons à « écouter » le sol, cette fois avec les filles à nos côtés.
Le trou dans lequel nous avons trouvé la pépite sonne toujours. C’est sur, c’est un filon !
On agrandit le trou et trouvons rapidement 2 autres petites pépites collées l’une à l’autre par de la terre. Les filles n’en reviennent pas. Pas le temps de les brosser, on leur donne telles quelles et on continue à creuser frénétiquement.
Après quelques temps, le filon semble épuisé et notre trou ne bipe plus. Nous sillonnons les alentours sans succès. Il se fait tard, Eve a faim et nous sommes épuisés par tant d’émotion. Nous remettons à demain la suite des recherches.
Greg
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