La Tasmanie n’est pas un pays d’Afrique (!) mais la grosse île au sud de l’Australie qui correspond au 7ième état de cet énorme pays. C’est un peu notre Corse à nous version Bretagne. Comme c’est une île ronde, nous avons deux choix : partir vers l’est ou bien vers l’ouest pour compléter notre boucle d’un mois qui nous ramènera au port de Davenport où nous reprendrons notre ferry.
Au pif, nous partons vers l’ouest. Grossière erreur !
On aurait dû se douter en voyant le paysage vallonné et les champs bien verts : il pleut presque tous les jours et notre passe-temps favori consiste à mettre la bâche sur la caravane qui a le toit qui fuit. Nous sommes tout de même en été.
C’est dommage car cela nous limite pas mal dans nos balades. On a ressorti nos vêtements « hiver » de sous le lit et nous allons manger des fish and chips sur les ports de pêche.
Il doit y avoir quelque chose dans le climat qui ne nous convient pas car bizarrement tous nos petits bobos, écorchures ou plaies superficielles s’infectent, bourgeonnent et ne guérissent pas. Et pour la première fois, on traîne des angines ou des otites. La côte est jolie mais pas spectaculaire.
Les filles apprennent à faire du papier mâché lors de la visite d’une petite usine familiale et nous faisons la connaissance de Martin, Michelle et leurs deux filles, famille australienne avec qui nous passons quelques jours agréables et qui nous invitent à leur rendre visite à Brisbane sur la côte est du continent.
Nous tombons en pâmoison devant le parc national de Cradle Mountain qui est, à juste titre, classé au patrimoine mondial. Nous sommes à plus de 1 000 m d’altitude et il fait froid et humide. Heureusement, l’unique camping des environs est très agréable, la cuisine ressemble à un chalet de montagne et nous faisons de belles flambées dans les cheminées pour nous réchauffer. Le parc est splendide, la végétation rase et moutonnante, l’air extrêmement pur : que du bonheur entre deux averses.
Nous décidons de changer de cap et de partir plein est pour échapper aux pluies. Et ça marche !
La Tasmanie ne nous laissera pas tant des souvenirs de paysages incroyables, mais marquera surtout nos retrouvailles avec Nathalie, Jean-Luc Girard et leurs 3 enfants qui, comme nous, font le tour du monde (www.globetour.fr). Nous avions rencontré cette famille en France alors que nous étions chacun de notre côté en pleins préparatifs de nos voyages respectifs, eux aménageant un 4x4 avec cellule et nous notre van. Et depuis, cela faisait presque un an et demi que nous leur courrions après tout autour de la planète. Que ce soit les enfants ou les parents, nous avons tous beaucoup de choses à nous dire et beaucoup d’impressions sur le voyage à échanger.
Greg et Jean-luc parlent mécanique, inspectent le véhicule sous tous les angles, ouvrent le capot, rampent sous le châssis, refont les niveaux d’eau et d’huile…. Les enfants s’entendent à merveille malgré une grande différence d’âge entre Eve qui a deux ans, Nicolas, le garçon aîné de la famille Girard qui a 14 ans et Cilia et Matthieu, les jumeaux qui ont 13 ans.
Je prends des renseignements sur le CNED au collège et l’organisation du travail. Il va falloir aller à l’essentiel et sabrer dans le programme pour se tenir à nos 4h de cours par jour l’année prochaine !
Nous restons environ 3 semaines ensemble et passons les fêtes de fin d’année sur la plage, les pieds dans l’eau à savourer de délicieuses huîtres laiteuses, plein été oblige, accompagnées de très bons vins locaux et finirons en beauté avec un gâteau « Pavlova » spécialité australienne confectionnée par Jean-Luc.
Nous rencontrons aussi Sylvie et Bernard, un couple de jeunes retraités qui eux aussi ont pas mal bourlingué dans leur 4x4 aménagé. Ils reviennent d’un périple de deux ans sur le continent américain et nous concocte un itinéraire aux petits oignons. Finalement, nous décidons de ne pas nous rendre en Afrique du sud pour une raison de mauvaise saison.
C’est incroyable combien l’Australie et spécialement la Tasmanie sont les lieux de destination préférés des Français. Nous avons peut-être affaire à une nouvelle vague de colonisation !
La seule activité tant soit peu culturelle de la Tasmanie consiste en la visite de l’ancien bagne de Port-Arthur en activité de 1830 à 1870 et largement en ruine maintenant. La foule s’y presse et les visites guidées sont de qualité ainsi que le tour en bateau dans la baie. Une petite troupe de théâtre nous enchante en retraçant la vie de tous les jours des prisonniers. Les enfants sont ravis.
Hobart, la capitale de la Tasmanie, est une petite ville charmante avec de beaux monuments datant de l’époque de la chasse aux baleines et des petits cafés sympas. Il y a une bonne ambiance car nous sommes en plein festival d’été avec ses spectacles de rue et sa foire de dégustation. Nous sommes logés gratuitement en plein centre ville sur un parking herbeux. Il fait beau. Ce sont les vacances scolaires depuis 10 jours et les enfants comme les parents sont détendus et de bonne humeur. Tout cool.
Les Australiens du continent nous avaient prévenus que les tasmaniens avaient « deux têtes » et nous avons eu l’occasion de comprendre cette expression à plusieurs reprises. En effet, comme dans d’autres coins reculés dans le monde, le manque de brassage génétique se fait sentir dans certaines familles qui quoique gentilles sont parfois un peu dégénérées.
Et quand on se retrouve au milieu d’un camping de locaux pure souche, ça fait un peu bizarre !
La Tasmanie est aussi réputée pour sa controverse sur la déforestation, île où, soi-disant, des arbres de 2 000 ans partent en fumée plus vite qu’il ne faut pour l’écrire. Deux clans s’affrontent : les écolos et les « loggeurs », les exploitants forestiers. C’est vrai qu’à peine arrivés, nous sommes surpris par les coupes franches dans les forêts qui laissent d’immenses zones complètement nues et chaque champs de pâturage nous apparaît plus comme un « manque d’arbres » qu’une spécificité du paysage. Cependant, il faut reconnaître que beaucoup de zones sont replantées et que, tout de même, près d’un quart du territoire est classé parc national. Quel autre pays peut se vanter de protéger ainsi sa faune et sa flore ?
Ne connaissant pas, pour l’instant, les statistiques ni les tenants et les aboutissants de cette exploitation, je resterai donc loin de cette polémique. Affaire à suivre….
La Tasmanie nous réserve aussi d’autres spécificités comme les ornithorynques et les fameux diables de Tasmanie. Les ornithorynques sont ici appelés platypus, ce qui semble plus approprié puisqu’ils sont plats comme la main. Ce sont les seuls mammifères à pondre des œufs (monotrèmes). Ils ne ressemblent à rien, mesurent environ 50 cm de long et vivent dans des rivières ou des petits lacs. Ils ont la tête qui ressemble à la queue et la queue qui ressemble à la tête c’est-à-dire toute plate comme un bec de canard. Ils sont tout marron et pour rendre encore les choses plus difficiles ne sortent que le soir au soleil couchant et vivent la nuit ! Nous avons néanmoins réussi à en surprendre quelques-uns. Etonnant.
Les diables de Tasmanie, autrefois nombreux sont maintenant menacés. Ceux qui réchappent aux roues des voitures la nuit sont parfois atteints du fameux cancer de la face qui les défigurent et les tuent rapidement. Nous n’avons pas eu la chance d’en apercevoir en liberté et nous sommes donc allés les observer dans un centre de protection. Que ceux qui ont en tête les fameux dessins animés de Warner Bros ne s’attendent pas à voir une espèce de gros loup vorace avec une gueule démesurée car ils seront déçus comme nous l’avons été. En réalité, les fameux diables ne font pas peur du tout, ils sont gros comme un caniche, noirs avec une bande blanche, au pelage un peu revêche et même les bébés ne sont pas très beaux. Par contre, ils ont une mâchoire très puissante, quatre fois plus puissante qu’un chien de taille équivalente. Les bébés mêmes s’ils ne sont pas sympathiques sont quand même joueurs et nous l’avons appris aux dépens d’Eve qui avait négligemment laissé pendre ses jambes par-dessus l’enclos et qui, à sa grande surprise s’est vu mordre les chaussures !
Greg, Marie et Margot sont aussi allés à la tombée de la nuit observer les pingouins bleus sur les plages de la côte est avec leurs lampes torches. Les bébés sont maintenant bien débrouillards et ressemblent vraiment à de grosses peluches duveteuses plus grosses que leurs parents. Ils colonisent des plages entières qui sont fermées au public et uniquement accessibles avec un guide. Les explications sont passionnantes et leurs allers et retours à la mer amusants et semés d’embûches. Encore une expérience enrichissante pour les filles. Hélas, Eve devra encore attendre quelques années pour pouvoir en profiter elle aussi.
Nous remontons les quelques 300 km qui séparent Hobart de Davenport dans la journée pour reprendre demain matin aux aurores notre ferry qui mettra 12 heures pour rejoindre Melbourne. Nous sommes restés un peu plus de 5 semaines en Tasmanie et avons pu ainsi échapper à la canicule qui sévit sur le continent. Notre nouvelle caravane nous attend à Geelong. Elle est presque finie et nous avons hâte de faire sa connaissance et de profiter de son air conditionné.
Isa
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