Après quelques semaines en France, nous débarquons à Buenos Aires et récupérons, non sans mal, notre véhicule.
De retour d’Asie, les sept semaines passées en France ont été rythmées par les retrouvailles et les bonnes bouffes.
Les deux mois et demi passés à voyager en Asie du sud-est en sac à dos nous ont laissés flapis et c’est avec un réel plaisir que nous nous laissons chouchouter par tous nos proches.
Cela nous fait un bien fou de retrouver la famille, les amis et de constater que les affinités n’ont pas été altérées par notre voyage.
Sept semaines, ce fut court et ce fut long à la fois. Court car notre emploi du temps était digne de celui d’un ministre. Long car cela nous a un peu coupé la dynamique du voyage et la remise en route n’a pas été forcément simple.
De toute façon, il était temps que nous reprenions la route car notre foie était au bord de l’implosion.
Après quatorze heures de vol, nous arrivons à Buenos Aires au petit matin et descendons à l’Hotel Lyon en plein centre de la ville. Le bâtiment est un ancien immeuble reconverti en hôtel et notre suite familiale est un appartement assez grand. La déco est loin d’être tendance et la rue sur laquelle nous donnons plutôt bruyante, mais ça fera l’affaire.
Rapidement nous battons le pavé pour partir à la découverte du « Paris » d’Amérique du Sud.
Les premières impressions nous confirment ce surnom. Les rues sont propres, souvent arborées et l’on trouve ça et là des places ombragées équipées de bancs et de jeux pour enfants.
L’architecture est assez uniforme et souvent typique de la deuxième moitié de XIXè siècle.
On sent très fortement l’influence Haussmannienne et certains édifices ont même été construits en kit en France et envoyés par bateau pour y être montés.
La seule chose qui nous rappelle que la ville est récente est son organisation en damier qui la rend d’ailleurs facile à explorer.
Ici, c’est le printemps, et une ambiance romantique et sereine se dégage des gens qui passent.
Le côté négatif est que la ville est très polluée et que le bruit incessant du trafic rend les balades assez fatigantes.
Comme le bateau qui transporte notre véhicule a pris du retard, nous avons plein de temps pour flâner dans les différents quartiers qui composent la ville.
Nous passons donc le plus clair de nos journées à déambuler dans le Barrio Norte (l’équivalent du 16ème arrondissement), la Recoleta et son cimetière digne de celui du père Lachaise, Puerto Madero le quartier des docks récemment rénové, le Microcentro et ses avenues larges, ses places grandiloquentes et sa rue piétonne, Florida, qui n’en finit pas, San Telmo et ses spectacles de Tango en plein air au milieu des échoppes d’artisans ou d’antiquaires et enfin la Boca, le quartier populaire aux mille couleurs, siège de l’équipe de foot de Maradona.
Bref les 10 jours de notre séjour un peu forcé dans la capitale sont des plus agréables tant la ville regorge de choses à découvrir et d’ambiances assez uniques qui nous rappellent les racines profondément latines du pays.
C’est d’ailleurs un bonheur que de redécouvrir le plaisir d’un vrai expresso à l’italienne en terrasse accompagné de son verre d’eau gazeuse…
Entre deux agapes, nous prenons le temps de nourrir notre spiritualité en passant une journée à la Tierra Santa. C’est une sorte de Disney World sur le thème de la bible. L’ensemble, kitsch au possible, est bâti sur le plan de Jérusalem et des spectacles réguliers expliquent les thèmes de l’Ancien et du Nouveau Testament comme la Création, la Naissance du Christ, le Sacerdoce, la Crucifixion et même la Résurrection au cours de laquelle un Christ géant de 20 mètres de haut surgit d’une colline en carton pâte au son d’un alléluia que crachent des hauts parleurs saturés.
On ira même se recueillir sur une réplique du mur des lamentations dont un panneau indique que les petits messages déposés dans les interstices des pierres (en résine) seront déposés dans les failles du vrai mur à Jérusalem !
Les filles adorent et c’est assez extraordinaire de voir comment elles ont su se réadapter à la vie du voyage.
Le retour en France a été, à tout point de vue, idyllique pour elles et nous craignions un peu le moment du nouveau départ.
Car finalement, à part Eve qui demandait sans cesse où était la caravane, Margot et Marie étaient plutôt tristes à l’idée de repartir.
Le fait que nous n’ayons pas eu à faire le CNED en arrivant à Buenos Aires (vacances de Toussaint obligent) nous a sans doute permis de passer plus de temps à faire des choses amusantes avec elles et ainsi à les remettre dans le rythme du périple et leur redonner l’envie de découvrir.
Quant à moi, je suis rapidement replongé dans le calvaire du dédouanement du fourgon et de la caravane.
Il me faudra 4 jours de patience pour arriver à sortir notre maison à roulettes de sa boîte et de pouvoir quitter le port.
Tout avait mal commencé. Outre le retard du bateau, la compagnie maritime n’avait déclaré que la caravane dans le conteneur et avait omis de mentionner le fourgon. Du pain béni pour les bureaucrates…
Quelques allers-retours par mail entre l’Argentine et l’Australie et le document rectificatif arrive enfin après deux jours d’attente.
Puis il faut payer les frais du port. Mais, pour endiguer la corruption, l’autorité portuaire n’accepte ni la Carte Bleue ni les espèces. Il faut donc aller tirer le montant exigé en liquide et le déposer sur un compte spécial dans une banque encore plus spéciale puisque cette dernière, pour des raisons de sécurité, n’accepte pas les dépôts au guichet. Il faut donc se rendre auprès d’un automate qui ne sera contrôlé que le lendemain, date à laquelle l’écriture comptable pourra se faire…
Puis il faut passer les douanes. Et, là encore, il manque un coup de tampon ou je ne sais quel document.
Agustin, le jeune agent maritime qui me tient compagnie dans cette aventure ne s’énerve jamais, se retourne sur les filles qui passent en sifflant et en leur déclamant qu’elles ont de beaux seins, de beaux reins et de belles fesses. Bref, un vrai poète, philosophe également puisqu’il me tempère quand je sens que je vais exploser.
Enfin vient l’heure de l‘ouverture du conteneur, tout est là, mais le fourgon ne démarre pas. Ces jojos d’Ausies avaient oublié d’éteindre le contact…
Donc on tracte et on extirpe tout ça devant une quarantaine de douaniers occupés à vider le conteneur voisin venu d’Asie et paraît-il rempli de thermos contenant du plomb.
Pour l’occasion toutes les chaînes de télévision sont conviées à filmer l’évènement. Le port ressemble au tournage d’une superproduction américaine.
Résultat, difficile de trouver un douanier pour vérifier le numéro de châssis ou de moteur et me permettre de sortir du port.
Heureusement l’un d’entre eux s’approche enfin de moi et me fait comprendre qu’en échange des sangles qui harnachent les véhicules à l’intérieur du conteneur, il pourra bien faire son travail !
Bien sûr j’accepte et obtient le dernier sésame mais malheureusement, les services de sécurité du port viennent de se mettre en grève et toute sortie de marchandise est impossible !
Que faire ? Je n’ai plus de sangles…
Devant mon désespoir, Agustin déploie une fois de plus ses charmes et arrive à faire se lever la barrière qui me sépare de la liberté, nous pouvons enfin partir à l’assaut de l’Argentine.
Greg
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