Nous nous sommes fixés comme but d’être à Ushuaia pour Noël et nous avons plein de temps devant nous et peu de choses à voir d’ici là. Nous allons encore beaucoup rouler.
La joyeuse troupe (les 3 autres familles françaises que nous venons de rencontrer et nous-mêmes) part donc le long de la côte atlantique. Nous quittons la fameuse route national 3 pour une assez bonne route de terre. Nous voulons visiter quelques lieux remarquables en chemin.
Le premier est Puerto Tumbo, fameux pour son immense colonie d’un demi-million de pingouins de Magellan. Nous arrivons en fin de journée et décidons de dormir sur le parking du petit restaurant faisant face à l’entrée du parc naturel en pleine nature. Le propriétaire, après s’être fait un peu tirer l’oreille, accepte que nous campions sur place (il faut dire qu’un couple d’Allemands se serait fait attaquer et vandaliser ici même il y a peu de temps !!). Il n’y a personne, le soleil couchant teinte la steppe de couleurs chatoyantes et bientôt quelques pingouins s’aventurent au travers des barrières de fils barbelés et viennent nous rendre une petite visite, peut être curieux de voir des camping-car pour la première fois. En tout cas, ils ne sont pas farouches et piquent de leur bec les roues du camion. Nous nous endormons avec comme bruit de fond leurs gloussements, caquètements, bruits de gorges divers et variés. Ils font un boucan du diable et se couchent bien plus tard que nous, vu que la nuit ici ne tombe pas avant 11 heures du soir et que l’aube pointe son nez dès 4 heure et demie du matin !
Comme il ne fait pas très chaud et qu’il y a beaucoup de vent, chaque famille reste dans son camping-car le soir pour dîner et nous nous couchons tôt, ce qui nous permet d’être les premiers devant les grilles du parc le lendemain bien avant l’arrivée en masse des touristes en bus. L’aménagement des sentiers est bien fait, discret et pas trop intrusif pour les pingouins. Nous pouvons cependant les approcher de très, très prêt (à quelques centimètres des nids) ce qui ne semble nullement les déranger, habitués qu’ils doivent être à être photographiés sous toutes les coutures à longueur de journées.
Ici, comme partout, il n’y a que la steppe composée de plein de petits buissons ras ne dépassant pas une trentaine de centimètres de haut, puis une petite plage de galets noirs et la mer en toile de fond. Sous chaque buisson est creusé un nid peu profond et assez rustique, à peine aménagé de quelques branchages où se terre un pingouin adulte avec un ou deux bébés déjà grandets qui nous regardent de leurs petits yeux ronds et inexpressifs. Cette scène se répète des milliers de fois sur plusieurs kilomètres. Ça pue le guano à plein nez !
Les filles, qui sont ravies de pouvoir jouer aux aventurières sans leurs parents, vivent leur vie avec leurs copains et chacun déambule dans le parc à son rythme. Les photos vont bon train et les pingouins nous observent autant que nous les observons. Parfois quand nous nous arrêtons un peu trop longtemps, un mâle un peu plus agressif que les autres vient nous picorer les chaussures et nous tirer les lacets, ce qui amuse beaucoup Eve.
Chez les pingouins, un des deux parents part en mer à la recherche de nourriture. Il nage pendant plusieurs jours, parcours des centaines de kilomètres et revient ensuite gavé de poissons qu’il régurgite pour nourrir ses petits dont il reconnaît le cri sans hésitation aucune parmi les milliers d’autres cris de bébés pingouins. S’il ne revient pas alors le deuxième parent part à son tour et les petits, laissés seuls meurent rapidement de faim et de froid.
10H30, les premiers touristes arrivent, il est temps que nous partions. Nous avons été les seuls pendants plusieurs heures, c’est l’avantage de pouvoir dormir au pied des grilles du parc.
Nous repartons. La côte est assez belle. Nous visitons d’autres colonies de pingouins comme celle de Cabo dos Bahias et à la fin, ça devient un peu lassant. Nous n’avons toujours pas réussi à voir un tatou ou un « mara » cet étrange animal qui ressemble à un gros lapin.
Un autre lieu remarquable que nous ne voulions pas rater est la forêt pétrifiée de Sarmiento et celle, un peu plus bas à quelques centaines de kilomètres ….
Afin de casser la routine du paysage qui est toujours aussi monotone et ennuyeux, nous faisons des petites embardées soit du côté de l’océan soit plus vers l’intérieur des terres. Dès que nous quittons la Ruta 3, le paysage change. Les deux forêts pétrifiées que nous visitons se trouvent en plein milieu du désert. Non pas un désert de sable mais de roches et de vallons arides. Les couleurs sont somptueuses surtout au coucher du soleil dans les bruns, les ocres, les rouges… Les troncs pétrifiés, ou du moins ceux qui n’ont pas été pillés, se couchent ça et là dans le parc. Certaines bûches sont énormes : 3 m de diamètre pour des arbres, les ancêtres de l’araucaria, qui mesuraient jusqu’à 35m de haut. Il est difficile d’imaginer que cette région aride était il y a 150 millions d’années une vaste forêt au climat doux et humide.
Nous campons sur le bord de la route à la sortie du parc. Il n’y a pas un bruit, nous sommes seuls et il se dégage de ce lieu un sentiment de calme et de plénitude bien agréable. Margot, toujours aussi trouillarde, craint de voir apparaître un puma à tout moment mais nous n’aurons pas la chance d’en apercevoir.
Nous goûtons de nouveau avec joie au plaisir de nous retrouver tous les 5, le petit groupe s’étant dispersé, chaque famille ayant un rythme différent. C’est le moment du câlin le matin dans le lit avec Eve, des discussions à table avec les grandes. Nous nous concentrons aussi plus facilement sur le CNED et laissons au hasard le plaisir de tous nous recroiser sur les routes un peu plus tard.
Les villes du sud de l'Argentine sont en général laides et sans aucun intérêt.
Nous qui aimons particulièrement aller au musée, nous sommes déçus. Ils sont non seulement de qualité médiocre mais en plus chers car le pays a adopté la double tarification c’est-à-dire qu’il y a deux prix affichés, ceux pour les touristes et ceux pour les locaux. Inutile de dire que les touristes payent jusqu’à 10 fois plus cher !
En général, nous devons rouler pendant 3 ou 4 jours (à raison de 3 heures de route par jour en moyenne) pour relier deux sites touristiques intéressants. C’est beaucoup plus que notre moyenne depuis notre départ de France ce qui explique, entre autres, que nous soyons un peu déçus par le pays.
Nous revenons sur la côte pour aller au parc national Monte Leon.
Les paysages sont beaux, l’océan Atlantique Sud gelé et le camping sauvage rustique. Nous approchons de très prêt les guanacos et un bébé de quelques mois veut même faire un câlin avec les filles. Ce sont des animaux gracieux et doux de la même famille que les lamas mais avec une laine de bien moins bonne qualité même si le célèbre chanteur Français, Florent Pagny, qui possède une énorme estancia pas très loin sur la côte à Punto Deseado a bien essayé de les tondre et de faire le commerce de la laine.
Nous croisons aussi beaucoup de nandous, cette petite espèce d’autruche qui vit dans la steppe. C’est le mâle qui s’occupe de sa nombreuse progéniture. On le voit cavaler à toute vitesse sur la route suivi de ses minuscules rejetons affolés. Et toujours pas de tatou en vue….
Nous passons le détroit de Magellan en ferry pour nous rendre, enfin, en Terre de Feu.
L’accès est très facile, pas besoin de réservation, il y a un ferry toutes les heures et la traversée ne dure que 20 minutes. Nous ne sommes pas spécialement émus car nous ne voyons rien d’extraordinaire même si nous sommes suivis un petit moment par quelques jolis dauphins nains noir et blanc. Par un étrange découpage des frontières, nous nous retrouvons au Chili pendant seulement 250 km. Nous passons donc deux fois la frontière en deux jours pour nous retrouver de nouveau en Argentine. Les douaniers sont plutôt sympas, les formalités sont rapides, mais nous sommes obligés de vider le frigo car aucune viande, produit laitier ou fruit et légume ne doit transiter d’un pays à l’autre. Dans cette petite enclave chilienne, il y a pourtant un joli parc naturel, le Pali Aike qui se situe dans une zone volcanique intéressante. Nous n’y resterons qu’une nuit faute de nourriture suffisante, le temps de faire quelques belles balades.
Isa
ca a l'air super!!!!!!
Bravo!
Camille Durance
Rédigé par : camille | 19 février 2009 à 09:23