Ça y est, nous quittons maintenant Ushuaia le bout du monde pour faire route vers le nord dans la partie ouest de la Patagonie. Il nous faudra pour cela repasser par le Chili avant de retourner en Argentine et d’attaquer les Andes.
Un éclatement de pneu sur la route (le deuxième depuis notre départ en 2006) nous force à passer un peu de temps à Rio Grande la ville déprimante où les chiens errants vous sautent sur les mollets. Chaussés de nouveaux pneus, nous voilà prêts à attaquer la remontée.
Cette fois-ci, passée la frontière entre l’Argentine et le Chili, nous décidons de ne pas emprunter la route principale qui étend ses pierres et sa tôle ondulée sur plus de 120 km.
Sur les conseils d’amis voyageurs, nous prenons le chemin des écoliers par les routes secondaires qui desservent les estancias isolées. Et là, quelle ne fut pas notre surprise de rouler sur des pistes bien entretenues nous permettant une moyenne de 80 km/h.
Les Chiliens n’aiment décidément pas leurs voisins argentins vu le peu de soin qu’ils mettent à entretenir l’axe routier principal permettant de désenclaver la province de le Terre de Feu argentine. Mais bon, ils doivent sans doute avoir leur raison…
Un petit arrêt à Punta Arenas la ville chilienne la plus australe nous permet de prendre des informations sur les villes plus au nord disposant de maternités de bon niveau. L’accouchement devrait donc avoir lieu à Puerto Montt d’ici quelques semaines.
Pressés de retrouver nos amis français, nous allongeons les étapes et retrouvons les Parcé puis les Mériguet dans le Parc National Torres del Paine.
Le temps est affreux et typique d’une région montagneuse. Il pleut, les vents soufflent en bourrasques de 120 km/h et dormir dans le véhicule relève de l’exploit. On a l’impression d’être dans une machine à laver sur programme long. Lorsque qu’on tente une sortie, le vent et la pluie nous glacent et nous subsistons grâce à notre générateur qui tourne 3 à 4 heures par jour pour chauffer le fourgon et la caravane. Les paysages sont sensés être étonnants, mais pour l’heure nous ne voyons rien. Nous décidons tout de même de patienter près de 4 jours pour attendre l’éclaircie providentielle.
À grand renfort de « Here comes the Sun » des Beatles, nous invoquons le soleil qui pointe enfin ses rayons. La journée sera mémorable. Deux balades de 2 heures chacune nous conduisent à travers une nature incroyable. Des lacs aux eaux turquoise, des cimes enneigées qui s’élèvent subitement à près de 3000 mètres, une végétation rase en forme de coussins vert et jaune qui tapissent les flancs des collines. Un vrai bonheur après l’attente.
Seul regret, le lendemain, au moment d’aller arpenter les fameuses Torres, ces dernières seront soudainement envahies par des nuages inquiétants et nous devrons faire demi-tour.
Nous repassons la frontière pour rentrer en Argentine et aller à El Calafate, le point de départ vers le Parc National de los Glaciares.
El Calafate est une ville charmante dont la rue principale est assez flatteuse. Seul hic, le succès touristique des glaciers avoisinants en font une bourgade chère et aux commerçants peu affables.
Le prix de l’essence est surtaxé de plus de 50% pour les étrangers et l’accès au parc naturel est 4 fois plus cher dès lors qu’on n’exhibe pas une carte nationale argentine.
Nous en avons assez d’être les vaches à lait d’un système qui surfe sur une vague touristique sans précédent au vu du nombre incroyable d’étrangers qui arpentent la région.
Cela étant, le Parc National des Glaciers est grandiose. Le glacier Perito Moreno est un monstre de 35 km de long qui du haut de ses 60 mètres surplombe le Lago Argentino dans lequel il vient se jeter.
Ce phénomène naturel qui ressemble à un gros vacherin est un immense système en mouvement qui avance de 2 mètres par jour sous la pression de la formation de la glace en amont et qui s’érode sur sa face terminale. Au spectacle visuel s’ajoute donc un spectacle sonore grandiloquent où la glace craque ou se rompt dans des fracas assourdissants qui résonnent dans toute la vallée.
En usant d’un peu de persuasion auprès des « guardaparques », nous négocions de passer une nuit sur le parking avec vue imprenable sur le glacier.
C’est indéniablement l’un des privilèges de notre mode de voyage en véhicule aménagé.
Le surlendemain nous décidons de découvrir en bateau d’autres glaciers inaccessibles par la route. Upsala et Spegazzini, du nom de leur découvreur, s’offrent à nous sous un ciel bleu.
Les bateaux partis de Puerto Banderas remontent les systèmes de lacs en slalomant entre les icebergs. Tout à coup, une masse bleue se dresse devant notre embarcation. Une sorte de grosse pierre précieuse taillée en mille facettes scintille sous le soleil patagonien et ne ressemble en rien aux icebergs que nous avons pu croiser jusqu’alors. Il s’agit en fait d’un iceberg qui, chose rare, s’est retourné et nous découvrons, médusés, la face cachée de ces blocs de glace.
Nous ne voulons pas quitter cette région magnifique qui est de loin ce que nous avons vu de plus beau depuis 3 mois et décidons de nous poser à quelques 40 km de là près du lago Roca.
Au programme de ces quelques jours, pêche (infructueuse…) à la truite et nettoyage de printemps pour enlever la poussière accumulée sur les pistes.
On sort, on époussette, on aspire, on brosse, on humecte, on lessive, on range etc, etc, etc…
Pour fêter le soleil et la propreté retrouvés les soirées sont bien arrosées et les réveils tardifs.
Mais il nous faut déjà retourner vers El Calafate où quelques réparations attendent la caravane. Les pistes argentines sont décidément trop cassantes et un amortisseur s’est arraché du châssis.
Il faudra dont renforcer, ressouder et remonter la pièce. C’est Roberto, métallurgiste, qui s’y collera pendant près de 5 heures.
Son atelier est situé dans la zone industrielle d’El Calafate qui ressemble à un bidonville. Les rues sont en terre, il n’y a pas de panneau de rue et encore moins d’éclairage public. Les maisons aux toits en tôle ondulée sont constamment balayées pas des nuages de poussières et des détritus poussés par les vents violents de la région.
Mais au milieu de ce décor apocalyptique, se trouvent des habitants chaleureux qui ne savent pas quoi faire pour aider leur prochain et les 5 heures passées sous la caravane en sa compagnie sont des plus agréables.
Direction El Chalten et son mont Fitz Roy. La ville a été créée à la hâte en 1985 par le gouvernement argentin qui voulait marquer son empreinte sur un bout de territoire disputé avec le Chili. La ville se résume à une rue principale et toute l’activité tourne autour des treckings dans le massif montagneux qui la surplombe. Gâtés (pour une fois) par le temps, nous profiterons de nos deux jours pour nous promener dans la montagne et célébrer comme il se doit nos adieu à la famille Lesergent qui nous accompagne depuis Ushuaia et qui repart vers Buenos Aires avant de rentrer en France pour quelques mois.
Marie quitte sa copine Léa avec regret mais heureusement notre route continue avec nos amis voyageurs, les Mériguet et les Pouzet qui vont nous accompagner le long de la route 40 argentine et de la carretera austral chilienne qui s’annoncent particulièrement dures.
D’autant plus dures qu’Isa a largement entamé son 7ème mois de grossesse et que plus son ventre s’arrondit plus le siège passager s’incline vers la position horizontale !
Elle supporte de moins en moins les étapes longues et a besoin de faire des petites siestes de temps à autre. Mais entre le CNED que nous continuons toujours assidûment, les contingences matérielles du voyage, les escapades dans la nature et les filles, elle n’a pas beaucoup de temps à elle…
Greg
Je pense que la fin du monde ne doit venir avant que vous fassiez ce voyage), vous n'avez rien à craindre. Surtout, ils disent que la fin du monde ont déjà aboli :D
Rédigé par : blackjack en ligne | 26 octobre 2011 à 16:34
coucou, félicitations à la maman,au papa pour son soutien, et plein de bonheur pour les trois filles... je vous suis dans votre périple, vous admire et vous envie, nous qui sommes rentrés "home sweet home" (ah oui !?) à Montréal. Et oui vous rappelez-vous de nous sur Lady Elliot Island, petite île presque perdue sur la Grande Barrière de corail australienne... couple de Français perdus au Canada, en année sabbatique en Australie et dont la petite Inès avait sympathisé avec vos trois filles, même âge qu'Eve exactement. Elle se souvient encore du chocolat chaud offert après une séance de baby sitting quelque peu étrange. Un grand bonjour et merci pour le rêve que vous nous offrez grâce à ce blog. J'ai une envie folle de REPARTIR et votre expérience me donne des ailes...
Rédigé par : Valérie MOTTET | 19 mars 2009 à 02:36
Coucou,
Un grand bonjour et de sincères félicitations
Françoise
de havilland saint Cloud
Rédigé par : [email protected] | 09 mars 2009 à 14:32
Félicitations
A la maman en tout premier, au papa ( Bon courage avec toutes ses filles ) elles doivent être bien heureuse d'avoir une petite soeur qui je n'en doute pas un instant seras
une Grande voyageuse
Je me rend compte que je n'ai jamais pensé à mettre un lien sur mon site vers votre Blog aussi se seras mon petit cadeau pour la naissance de Maud
http://bernard.debucquoi.com/spip.php?article196
http://bernard.debucquoi.com/spip.php?article195
Bises affectueuses à toutes les filles de la famille
et toutes mon amitié à Greg
Ps peux-tu m'envoyer ton adresse email ?
Rédigé par : Bernard B90 4x4 | 06 mars 2009 à 20:46