Après avoir effectué une boucle autour de Darwin pendant 2 semaines nous reprenons le cours de notre voyage en Australie en faisant route vers son centre : Uluru.
Nous repassons rapidement à Katherine pour profiter une troisième fois de ses sources chaudes et roulons de nuit afin d’arriver le plus vite possible à Alice Springs pour retrouver notre ami irlandais avec qui nous devons visiter le fameux rocher rouge (Ayers Rock rebaptisé Uluru depuis que les terres ont été rétrocédées aux communautés aborigènes).
Nous décidons de rouler quotidiennement en deux étapes : une de jour de 2 heures pendant la sieste d’Eve et une de 3 heures pendant la nuit dès que les filles sont endormies.
Compte-tenu des distances à parcourir, nous ne voulons pas imposer aux enfants trop de trajets diurnes car ces derniers sont éprouvants pour leur patience et par conséquent pour la notre !
Je préfère encore conduire avec les pupilles dilatées comme des pièces de monnaie pour éviter les kangourous sur la route que d’entendre dix fois : « Papa, quand est-ce qu’on arrive ? » sur la même ligne droite de plusieurs dizaines de kilomètres.
Lors de la première étape j’heurte justement un kangourou que se jette littéralement sous mes roues. Ce dernier s’en sort bien et repart en bondissant comme si de rien n’était. Il laisse une touffe de poils sur ma plaque d’immatriculation avant qui est tout de même fendue.
Nous passerons la nuit au Daly Waters Pub Caravan Park, endroit hallucinant perdu au milieu du Northern Territory. C’est un vieux pub qui dispose d’un camping rudimentaire sans confort particulier. Par contre, le pub est génialement décoré d’objets de récupération divers et variés. Des vieux outils agricoles, des plaques minéralogiques des quatre coins du monde, des tongs usagées ainsi qu’une remarquable collection de soutiens-gorges dédicacés qui pendent négligemment au dessus du bar.
Après les devoirs du matin, on y savourera un barraburger (burger de barramundi) assez réussi en bataillant avec les corbeaux qui nous cassent les oreilles et qui viennent se servir dans nos assiettes.
Nous quittons cette ambiance plutôt cool pour nous rendre aux Devils Marbles que nous atteignons également à la nuit tombée.
C’est d’ailleurs un sentiment assez étrange de s’arrêter la nuit pour bivouaquer dans un endroit qu’on devine à peine et qui se révèle le lendemain au réveil. L’effet de surprise est total.
Ce matin là ce sont d’énormes rochers granitiques en forme d’œuf qui s’offrent à nous. D’après les aborigènes ce sont les œufs du serpent Arc-en-ciel, l’esprit créateur le plus puissant de tous les esprits. Nous profitons de ce que le site est assez dense pour le découvrir à vélo pendant quelques heures.
Finalement nous atteindrons Alice Springs rapidement et retrouverons Aidan dans un pub… irlandais.
Nous ne souhaitons pas dormir en ville et après un dîner à son camping, nous prenons un peu d’avance sur lui en partant vers Uluru où nous arriverons le lendemain.
La route que mène au site est subjuguante, le désert se profile de plus en plus, les étendues plates semblent se dilater à l’infini de part et d’autre de notre sillage, puis soudain l’horizon est fendu par une silhouette massive qui curieusement ne ressemble pas aux images d’Uluru que nous avions en tête. Et pour cause, il s’agit en fait de Mount Conner, sublime entrée en matière avant de tomber sur Uluru lui-même qui se trouve à quelques 90 km de là.
Le site est magique et vaut bien sont statut d’emblème de l’Australie.
Un énorme monolithe de 3 kilomètres de long sur 300 mètres de haut se dresse au milieu d’un plateau désertique et offre des couleurs changeantes en fonction de l’heure : ocre, orange éclatant, rouge, violet puis noir.
Nous tombons sous le charme de l’endroit.
Le lendemain matin Aidan, Margot et moi entreprenons l’ascension de ce rocher pendant qu’Isabelle, Marie et Eve en font le tour à pied.
La première moitié est la plus dure car la roche est lisse, la pente forte et les vents violents. La deuxième moitié est plus reposante et on se laisse aller à gravir les quelques dizaines de mètres de dénivelé qui nous séparent du sommet en contemplant le panorama.
La descente réchauffe nos cuisses et c’est avec plaisir que nous retrouvons le niveau zéro
Le lendemain c’est à vélo que nous faisons le tour de la roche. 10 km de piste sablonneuse, par endroit profonde, qui nous dévoile les recoins et les plis de cette énigme naturelle. Certaines parties, particulièrement sacrées aux yeux des aborigènes, sont balisées de panneaux en interdisant leur ascension ou encore leur photographie. J’avoue ne pas comprendre ces interdictions mais il faut bien les respecter. De toute façon les rangers rodent pour s’en assurer.
Après la balade, nous nous arrêtons au centre culturel tout proche et à l’architecture remarquable. Comme partout, une large section est consacrée à mettre en valeur la culture aborigène et nous sommes toujours étonnés par la qualité des expositions qu’on nous présente. Et comme toujours, un énorme magasin de souvenirs adjacent exhibe les œuvres des artistes aborigènes : peintures, objets bariolés de motifs pariétaux, CD de didgeridoos…
Franchement c’est moche et le tapage autour des œuvres ainsi que leur prix ne sont pas en rapport avec la qualité qui s’en dégage. On a le sentiment que, dans un souci de repentance permanent, les blancs d’Australie cherchent tous les moyens pour promouvoir la culture des premiers habitants de ce pays.
Le résultat est qu’ils en font trop et que tout cela devient ridicule. Payer près de 1500 dollars (1000 euros) une toile pointilliste grossièrement peinte doit certainement soulager la conscience de l’acquéreur.
Après avoir voyagé 3 mois en compagnie d’Aidan, nous le quittons cette fois pour de bon le cœur serré.
Après quelques heures de route nous arrivons à Coober Pedy, une ville minière où sont exploités les gisements d’opale.
C’est un trou (pour une ville minière c’est de circonstance) au milieu du désert. La ville est annoncée par des champs entiers recouverts de cônes de déblais colorés et son entrée fièrement marquée par un camion aspirateur niché sur son piédestal.
Le ton est donné. La ville est entièrement tournée vers la recherche de la pierre précieuse et la moitié de la population vit dans des maisons troglodytes construites dans les galeries des anciennes mines. C’est une manière efficace et économe de s’abriter des températures extrêmes (jusqu’à 50°C l’été) et des tempêtes de poussière qui s’abattent sur la région.
L’ambiance est spéciale. Comme partout, on trouve ça et là des aborigènes errant sans but dans les rues, mais en plus on croise des mineurs dans leurs voitures poubelles affublées d’une pancarte : « Explosifs ».
Les 40 nationalités représentées ont l’air de cohabiter sans trop de problème même si le poste de police et d’autres bâtiments de la ville ont été dynamités à plusieurs reprises.
Nous y resterons une nuit car nous tenons absolument à tenter notre chance avec les filles au lever du soleil. Au petit matin c’est donc à quatre pattes, les mains dans la poussière, que nous creusons, retournons, grattons pour trouver l’objet de la convoitise. Après 2 heures, nous avions récoltés de tout sauf de l’opale…
Les 8 heures de route qui nous séparent d’Adelaïde seront avalées dans la journée tant notre désir de retrouver la mer et la civilisation est grand après plus de 3 mois passés à sillonner les zones les moins peuplées de l’Australie.
Nous allons maintenant entamer la deuxième partie de notre voyage, celle qui nous conduira d’Adelaïde à la grande barrière de corail en longeant la côte.
Fini le bush, sa poussière rouge et ses kangourous, à nous les vagues et les surfeurs !
Greg
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