Il nous a fallu un coup de fil et toute la force de persuasion d’Isabelle pour convaincre Maëlle de nous rejoindre à Darwin mi-septembre.
C’est do nc en plein milieu de la nuit que nous la retrouvons à l’aéroport. Même si cela est prémédité, c’est toujours surprenant et assez surréaliste de retrouver une figure familière à l’autre bout du monde après plus d’un an de voyage.
Curieusement, elle a l’air plutôt bien reposée malgré la trentaine d’heures d’avion qu’elle vient de vivre. Bien sûr, les bagages n’ont pas suivi et nous serons contraints de rester un peu plus longtemps que prévu à Darwin pour les réceptionner.
La ville n’a pas grand intérêt en soi. C’est une agglomération très étendue mais faiblement peuplée dont le centre ville est dépourvu de charme. De la part de la capitale du Northern Territory, nous nous attendions à quelque chose de plus impressionnant et en tout cas de plus historique.
Il faut dire que la ville a été largement détruite par l’aviation japonaise lors de la deuxième guerre mondiale et que, dans un passé plus récent, le cyclone Tracy l’a entièrement dévastée le soir de Noël 1974.
De Darwin, nous partons vers le sud en direction du parc national du Kakadu, une étendue gigantesque de 20 000 km² regorgeant d’animaux sauvages, d’habitats naturels et de peintures pariétales aborigènes. Il est classé au patrimoine mondial de l’humanité et nous sommes tout excités à l’idée de faire découvrir ce décor typiquement australien à notre amie.
En fait, nous serons au final assez déçus par rapport à ce que nous avons connu dans la Western Australia. Les décors naturels sont certes impressionnants, mais les distances à couvrir en voiture pour aller d’un site à l’autre sont immenses. Par ailleurs, le climat tropical est étouffant et les marches sont rendues pénibles.
En plein milieu du parc naturel se dressent d’immenses infrastructures touristiques où s’arrêtent des cars bondés de touristes qui viennent profiter du restaurant et de la piscine !
Le confort a du bon mais tout cela manque tout de même d’authenticité…
Nous décidons néanmoins de faire un tour en bateau sur la Yellow Water afin d’observer les oiseaux sauvages et autres crocodiles d’eau de mer.
Le réveil est matinal et à 6h45 nous quittons la jetée pour nous enfoncer dans un décor marécageux recouvert de brume.
A peine partis, nous longeons des rives boisées où viennent manger quelques chevaux sauvages dont la silhouette sombre se découpe sur fond de soleil flamboyant.
Puis se succèdent des kyrielles d’oiseaux aquatiques : hérons, aigrettes, ibis, martins-pêcheurs, pélicans, jabirus et autres aigles d’Australie.
L’ambiance est douce, et nous progressons nonchalamment sur le cours d’eau, croisant ça et là quelques crocodiles immobiles venus se réchauffer sur les berges aux premiers rayons de soleil.
Soudain, le calme est perturbé par un combat entre deux crocodiles revendiquant sans doute le même territoire. L’attaque est d’une rapidité phénoménale et nous avons du mal à deviner ce qui se passe à quelques mètres de nous derrière les gerbes d’eau verdâtre qui sont projetées par les reptiles. Les passagers, qui s’étaient tous installés du même côté du bateau pour observer la scène, reprennent leurs esprits lorsqu’un énorme barramundi (gros poisson argenté), tentant sans doute d’échapper aux mâchoires des prédateurs, jaillit hors de l’eau à 1 mètre à peine de l’embarcation. Au glapissement d’effroi collectif succède un long silence de plomb…
Nous quittons le Kakadu par la route sud qui nous emmènera vers les Katherine gorges. A mi-chemin nous longeons un feu de bush gigantesque. Cette scène se répète à loisir dans toute l’Australie tant l’écobuage est une pratique profondément ancrée dans la culture aborigène.
Une première étape aux Edith Falls nous révèle des piscines naturelles où nous plongerons non sans mal dans des eaux noires qui nous rebutent un peu.
Quelques kilomètres plus loin nous faisons halte à Katherine, ses gorges, ses sources chaudes et ses aborigènes qui vomissent dans les caniveaux.
Depuis le début de notre séjour en Australie, nous sommes choqués par les scènes urbaines qui s’offrent à nous. La condition des aborigènes, en tout cas ce qu’on peut percevoir à première vue, est navrante. Ceux qu’on croise sont ivres, ne font rien de leur journée si ce n’est boire à l’ombre d’un arbre dans un parc ou d’un magasin dans une rue. Nous n’arrivons pas à établir de contact et les rares échanges avec eux sont motivés par un besoin d’argent pour acheter de la boisson.
A Katherine justement, j’arrive à discuter près d’un quart d’heure avec deux hommes et une femme aborigènes. Ils sont tellement saouls que la discussion est assez salasse et la femme me dessine, non sans mal, un croquis représentant un vagin littéralement en feu, frappé par des éclairs et entouré de traces de pas. C’est le Fire Dreaming censé représenter la fidélité (mais je n’ai pas tout compris je crois…).
Tout cela est néanmoins bien triste et les australiens sont assez embarrassés sur le sujet et ne savent pas vraiment quoi faire.
Katherine est aussi célèbre pour ses gorges. Nous marchons pendant des heures pour les atteindre en passant par la bien nommée Butterfly gorge où des milliers de petits papillons nous accueillent en virevoltant.
Nous aurions aimé découvrir les gorges plus en profondeur en louant par exemple des canoës, mais les prix pratiqués dans les Northern Territory sont assez dissuasifs et nous souhaitons garder du temps pour découvrir Litchfield National Park en remontant sur Darwin.
Nous quittons notre compagnon de route irlandais, Aidan, que nous retrouverons à Uluru d’ici 2 semaines et arrivons sous une pluie battante à Litchfield.
Comme par magie la pluie s’arrête dès que nous commençons notre campement. L’air est toujours saturé d’humidité mais au moins les températures ont chuté et nous passerons une des rares nuits fraîches dans le nord de l’Australie.
Litchfield est plus petit que Kakadu et finalement plus facile à visiter. Là encore, des cascades sublimes, des forêts tropicales où nous croisons des colonies de chauves-souris et des araignées géantes, et des piscines naturelles où nous prenons plaisir à nous baigner.
Un petit paradis un peu trop visité à mon goût. Certains trous d’eau sont en effet envahis d’habitants de Darwin venus passer la journée. Ils boivent des bières et font des bombes dans les piscines naturelles en beuglant. Cela contraste avec le cadre sauvage et préservé mais c’est cela aussi l’Australie.
De retour à Darwin, nous profitons du dernier jour pour visiter la Crocodile Farm avec ses spécimens de 5 mètres de long. Maëlle, Isa et les petites ont même l’occasion de tenir un bébé crocodile dans leurs mains pour une séance photos.
Eve le tient fermement comme on fait un câlin à une peluche mais l’animal n’a pas trop l’air de souffrir.
Puis, toujours de nuit, nous redéposons Maëlle à l’aéroport. Son avion pour Sydney aura du retard et ne partira qu’à 2h30 du matin. Puis ce seront encore 24 heures de vol pour rejoindre Paris. Décidément l’Australie se mérite…
Greg
jolie aventure
Rédigé par : plan de travail pierre de lave | 26 août 2010 à 09:49