MELBOURNE ET SES ENVIRONS
Il n’y a rien de plus agréable quand on voyage au long cours que de se faire adopter par une famille australienne pendant quelques semaines. C’est ce qui s’est passé avec la famille Mc Donald (pas ceux des hamburgers mais ceux de Queenscliff dans la péninsule de Belarina à 2 heures au sud de Melbourne). Le courant passe immédiatement et leur sublime maison avec vue imprenable sur la mer nous sert de base arrière. Leurs filles sont trois adorables chipies typiquement australiennes qui s’entendent à merveille avec les nôtres. Marie et Margot sont complètement indépendantes, les allers et retours entre le camping et la maison sont incessants. Elles disparaissent à la plage, se retrouvent chez le marchand de glace, se font plein de nouvelles copines. Le tour du monde prend vraiment un air de vacances.
Nous sympathisons aussi avec Winkie, la jeune et dynamique grand-mère qui ne tarde pas à nous inviter dans sa ferme du Gippsland à 3 heures à l’est de Melbourne.
C’est une ferme typiquement australienne, perdue au milieu de nulle part, qui jadis possédait quelques milliers de moutons et 4000 hectares. Pour nous, ça paraît immense mais ici, c’est une ferme de taille standard. Les paysans australiens gèrent leur exploitation comme une entreprise, tout est moderne, le niveau de vie est élevé.
Nous assistons à la tonte des moutons Mérinos. Ça va vite, ça saigne, ça débite (un tondeur expérimenté tond jusqu’à 170 moutons par jour). La laine est triée selon sa qualité puis exportée le plus souvent vers la Chine, l’Inde et l’Europe. Elle est réputée pour sa grande qualité partout dans le monde. Les filles aident à balayer et sont très impressionnées.
Le Wilson Promotory est la destination idéale pour le Week-end depuis Melbourne. C’est un grand parc naturel qui se jette dans la mer. Les plages sont sublimes, le sable est fin, les rouleaux invitent à surfer. Margot se lance, emprunte un surf à des amis allemands qui voyagent dans un minuscule combi avec deux enfants en bas âge et très rapidement arrive à se tenir debout dans les vagues. Elle a fière allure !
Une petite rivière peu profonde, au fonds sableux offre des trous d’eau chauffés par le soleil et propices à la baignade des petits. Le camping est bondé car tout le monde célèbre « l’Australian day », un peu notre 1er mai à nous qui permet de profiter d’un plus long week-end. L’Australie, « petit » pays de 20 millions d’habitants est très fier de son identité nationale et de l’extraordinaire niveau de vie et de développement acquis en une centaine d’années. Tout ce qui est australien est promu, chacun arbore le drapeau national devant sa maison (c’est le drapeau anglais sur fond d’étoiles blanches symbolisant la croix du sud).
Nous alternons plage et montagne pour satisfaire aussi bien les enfants que les parents.
Les Alpes australiennes sont sympathiques mais bien évidemment ne tiennent pas la comparaison avec les Alpes françaises. Nous sommes en plein été, il pleut, il y a du brouillard et il fait froid. Nous nous arrêtons prendre un chocolat chaud dans un bar chaleureux avec déco de chalet de montagne, moto-neige antique accrochée au plafond, collection de skis, vue imprenable sur la vallée. Nous sommes les seuls touristes à devoir s’être arrêtés depuis longtemps. Les locaux sont tous au bar, ils nous accueillent avec des grands sourires. L’ambiance est bon enfant. Les filles font des concours de brouette et de poirier avec un Anglais, ancien junkie, qui nous raconte sa vie. Elles monopolisent la moitié du bar, Greg lance un concours de fléchettes alors qu’Eve s’attaque à la moquette du billard et joue à la pétanque avec les boules. On se sent si bien qu’on décide de rester dormir sur le parking et de déguster à la nuit tombée une bonne soupe de potiron locale en regardant la pluie tomber.
L’hiver, les téléphériques et autres tire-fesses sont quasiment inexistants, le domaine est peu étendu et des bus remontent les skieurs en haut des pentes.
L’été est imprévisible, alternant pluies diluviennes et courtes éclaircies. Nous devons être chanceux car nous profitons de 3 jours de beau temps même si le brouillard est à couper au couteau le matin. Le Mont Beauty porte bien son nom, les ballades sont rafraîchissantes et les prairies pleines de fleurs.
Au détour d’un chemin, Greg et les filles découvrent éberlués un oiseau lyre qui ressemble un peu à un paon qui aurait perdu ses couleurs mais qui aurait en contrepartie gagné une voix sublime faite de trémolos mélodieux, de cris perçants et de rythmes effrénés. Un orchestre à lui tout seul. Fascinant.
Nous mettons au point une nouvelle méthode d’apprentissage du CNED : le bourrage de crâne. Très efficace. Dorénavant, c’est une semaine entièrement consacrée uniquement aux maths et au Français, puis tous les chapitres d’histoire et de géographie de la séquence d’un coup et ainsi de suite pour toutes les matières. Et ça marche, les filles sont plus concentrées et plus efficaces donc on gagne un temps précieux. Dorénavant, on ne travaille pas plus que 2 heures et demie par matinée.
CANBERRA
Nous attendions beaucoup de Canberra, la capitale de l’Australie et nous avons été horriblement déçus. La ville est inintéressante et le fameux parlement est tout simplement immonde. Construit dans les années 80, il concentre tout le mauvais goût de l’époque : débauche ostensible de marbre rose et vert venu spécialement du Portugal, lourdeur des formes, marqueteries cul-cul, soi-disant œuvres d’art que pas un seul musée digne de ce nom ne voudrait en ses murs et j’en passe.
Dire qu’il leur a fallu un concours international pour arriver à ce résultat médiocre ! C’est le cabinet américain d’un architecte d’origine italienne qui a été sélectionné parmi 250 concurrents. Les travaux ont été colossaux car ledit bâtiment tient une place prédominante sur une colline dont le sommet a tout simplement été décapité et creusé pour ne voir du Parlement qu’une affreuse antenne sculpture d’acier le surplombant, tout le reste étant caché sous les pentes herbeuses.
Le musée national dont on fait grand cas est du même acabit : beaucoup de bruit pour rien.
Alors qu’il est présenté comme un musée bouillonnant, amusant et original ce n’est en fait qu’un ramassis de vieux objets sans intérêt où, comme dit Margot « un cœur de mouton dans du formol côtoie une caravane peinte en rose des années 50 » le tout exposé dans un très beau cadre moderne qui a dû coûté beaucoup d’argent aux contribuables.
Et après, on se demande pourquoi personne ne veut aller vivre dans cette capitale qui manque, paraît-il, cruellement de fonctionnaires !
Dégoûtés, nous partons vers Sydney et décidons en chemin de nous arrêter aux fameuses Blue Mountains dont tout le monde nous parle. Peut-être ne sommes-nous pas allés aux bons endroits mais là encore, nous avons été terriblement déçus. La route pour monter aux fameuses montagnes qui tiennent leur couleur bleue des émanations d’huile des eucalyptus dans l’air, n’est qu’une suite de villes à touche-touche. Les jolis points de vue sont envahis de touristes japonais. Bref, ce n’est pas du tout le genre d’ambiance que nous aimons.
SYDNEY : LA REVELATION
Nous tombons sous le charme de Sydney, à nos yeux la seule ville intéressante d’Australie.
Le camping, à quelques stations de métro du centre ville, est situé en plein parc naturel. Nous sommes dans une vraie volière le matin au réveil et les opossums courent sur le toit du camion la nuit. Encore une fois, le temps est idéal, ni trop chaud ni trop froid. Les filles profitent de la piscine et nous rencontrons une famille hollandaise qui voyage depuis 1 an et demi en Nouvelle-Zélande et en Australie avec leurs trois filles. Adeptes du « Hearth healing » et du paranormal, nous découvrons un nouveau monde avec eux. Points de vue originaux assurés !
La baie de Sydney passe pour être la plus belle du monde et nous sommes ses plus fervents admirateurs. Nous sortons du métro et, comme tous bons touristes qui se respectent, empruntons le splendide et majestueux pont de fer des années 30 qui relie le centre au quartier des affaires. De là, nous profitons d’une vue à 180 degrés sur la baie. Le pont est large, fonctionnel et ouverts aux automobilistes, aux vélos, aux piétons… Tout le monde a le droit de cité comme si à l’époque de sa construction, pourtant en pleine récession économique, l’architecte avait déjà deviné que le pont allait devenir le moyen idéal pour embrasser la baie d’un seul regard. La qualité de la lumière est merveilleuse, des centaines de petits bateaux à voile blanche sillonnent la baie en tous sens, croisant des bateaux taxis, de gros ferries débonnaires alors que le Queen Victoria monopolise à lui seul le quai en face de l’opéra.
Bien sûr, tout le monde connaît l’opéra, ce gros coquillage blanc à l’architecture moderne situé à l’extrémité d’un promontoire rocheux au milieu de la baie mais tout le monde ne connaît peut-être pas l’histoire mouvementée de sa construction.
C’est un architecte danois, Jorn Utzon qui gagne le concours international car il se distingue des autres concurrents en proposant un opéra composé de deux parties faisant toutes deux face à la baie alors que tous les autres architectes dessinent des bâtiments occupant toute la longueur du promontoire. C’est un projet de 7 millions de dollars. Les travaux commencent en 1959 avec une compagnie anglaise d’ingénierie qui est imposée à Utzon. En 1966, soit 7 ans plus tard, après d’âpres querelles, de longs retards, de dépassements de budget, de stupides batailles politiques et de changement de gouvernement, l’architecte Utzon se retire du projet, remballe ses plans, ses maquettes, ses idées et rentre chez lui au Danemark, plantant là les politiciens tout en espérant secrètement que ces derniers le rappellent en le suppliant.
Fierté mal placée de l’un ou manque de souplesse des autres, en tout cas Utzon ne finira jamais son opéra. Heureusement, tout l’extérieur du bâtiment est terminé mais les coquilles sont vides, toute la construction intérieure reste à faire. C’est un consortium d’architectes australiens à qui incombe de terminer le projet. Ce qui sera fait en 1973 pour la modique somme estimée de 102 millions de dollars.
Le bâtiment est exceptionnel, ses formes sont élégantes et pures. Sa couleur blanche, composée de plus d’un million de tuiles en céramique blanche soulignées de crème, fait ressortir le bâtiment dans la baie sombre et rappelle les centaines de petites voiles, elles aussi blanches des bateaux. De simples carreaux de salle de bain comme disent certains, mais quelle réussite !
Pour l’intérieur, c’est une autre histoire. Ici rien d’exceptionnel, que de l’ordinaire et du lourdaud. Pas la peine de se fendre d’une visite guidée. On est déçu. Heureusement, c’est de l’extérieur dont on en profite le plus : les docks de Circular Quai sont agréables bien que bondés, l’immense jardin botanique est une invitation au repos et au calme où des panneaux intiment d’une manière explicite à marcher, rouler, pique-niquer sur les pelouses qui sont, comme partout en Australie d’ailleurs, exemptes de la moindre crotte de chien.
Je me demande bien si on peut faire de même maintenant à Paris.
Nous décidons de reprendre la route en direction de NewCastle à deux heures au nord où nous faisons réparer notre camion. C’est le support du différentiel central qui a cassé net sous les roues avant sûrement bien fatigué par les routes en tôle ondulée d’Australie méridionale. Alors que nous apprenons que le camion doit être immobilisé plusieurs jours, nous recevons comme par miracle, un mail d’Anne et Frédéric que nous avions rapidement croisés en Tasmanie quelques mois auparavant et qui nous invitent chez eux à Sydney pour le week-end. Nous n’hésitons pas une seconde, louons une voiture, plions bagage et repartons aussi sec en sens inverse.
Nous sommes accueillis à bras ouverts par cette charmante famille française expatriée pour 3 ans en Australie. Leur maison est magnifique, les enfants s’entendent bien, les repas sont bien arrosés. Nous peaufinons notre découverte de Sydney avec deux ballades en ferry dans la baie jusqu’à Darling Harbour. Le bonheur.
LA GOLD COAST
En quittant Newcastle après avoir récupéré notre camion chez le concessionnaire Mercedes, nous longeons la côte en remontant vers le nord. Ici, nous nous baignons dans l’Océan Pacifique Sud, plus bas c’est la Mer de Tasmanie jusqu’à Sydney, plus haut, tout en haut du Queensland c’est la Mer de Corail et pourtant tout cela fait partie d’un seul et même océan.
C’est toujours le hasard qui guide nos choix pour chaque nouveau campement. Nous avons été bien inspirés encore une fois et ne sommes pas déçus par le parc national des Myall Lakes. C’est un ensemble de lacs d’eau douces séparés de la mer par une étroite bande de terre.
Le camion fait face au lac, nous sommes les seuls à profiter de la tranquillité de l’endroit. Le lac est très peu profond, une trentaine de centimètres. L’eau est limpide, le fond est de sable blanc immaculé sans une seule algue. Une invitation à la baignade.
Nous pique niquons sur l’herbe grasse, l’air est frais, le coucher du soleil sur le lac splendide, une dizaine d’énormes iguanes de plus d’un mètre de long rôdent autour de nous, leur langue fourchue leur servant de radar pour se déplacer. Ils sont impressionnants mais pourtant inoffensifs.
Depuis que nous sommes dans l’état du New South Wales, il est de plus en plus difficile de trouver des campings gratuits. Il est souvent plus intéressant d’aller dans un camping privé avec toutes les commodités habituelles (douches chaudes, cuisine et parfois accès Internet) plutôt que d’aller dans un camping rudimentaire avec toilettes sèches, sans eau ni électricité dans un parc naturel tellement les tarifs sont élevés. Nous sommes un peu las de notre voyage et nous accélérons notre rythme, les villes côtières se suivent et se ressemblent. Nous avons hâte d’arriver à Brisbane, promesse de la Grande Barrière de Corail.
Sur la route, Byron Bay est un haut lieu de surf sur la fameuse Gold Coast, un peu notre Côte d’Azur à nous en moins bétonnée mais tout aussi branchée. Partout des Combi Volkswagen impeccablement retapés avec planches de surf sur le toit, au volant un beau jeune homme aux cheveux longs, blonds et décolorés fait sortir son bras tatoué par la fenêtre. Tous les clichés australiens semblent se concentrer dans cette petite station balnéaire. Du pur jus !
C’est pourquoi, quelle n’est pas notre surprise d’entendre parler français sur la serviette à côté de la nôtre sur la plage. C’est tout une famille française avec 4 enfants, expatriés depuis 10 ans en Australie, avec qui nous sympathisons immédiatement. Ça y est, les filles se font déjà de nouvelles copines. L’eau est délicieuse et nous pouvons rester des heures à nager sans avoir froid. Comme tout lieu branché de la côte, Baron Bay possède une pâtisserie française qui fait notre bonheur.
Qui entre Greg et les filles était le plus excité à l’idée d’aller à « Warner Bross Movie World » un grand parc d’attraction au sud de Brisbane ? Pour être sûr d’arriver à la première heure, nous posons notre campement directement sur le parking devant la porte d’entrée mais hélas, nous nous faisons délogé par le gars de la sécurité au moment de mettre les enfants au lit et finissons sur une sordide aire d’autoroute pour routiers en face d’un Mac Donald ouvert 24h sur 24. Coincés entre deux 38 tonnes, on passe une nuit courte et bruyante. Au moins, on arrive en avance devant le parc, bien en avance d’ailleurs car dans son impatience Greg a oublié la bonne heure de décalage horaire entre l’état du New South Wales et celui du Queensland. Nous poirotons sous un ciel couvert. Il se pourrait bien qu’il pleuve.
La barrière se lève et c’est le rush, heureusement on a évité le week-end. Étonnamment, il n’y a pas que des jeunes, loin de là. Beaucoup de retraités sont venus pour la journée en bus spécial « Parcs d’attraction » (il y en a 5 différents dans un périmètre de 2 kilomètres).
On met les basquets et les chapeaux, et roule mamie !
Tout le monde se précipite sur l’ascenseur de Batman, une chute libre de 30 m. Greg, sagement évite l’expérience aux filles par contre elles redemandent le train fantôme de Scoubidou qui est terrifiant. Rien à voir avec le gentil frisson du petit train du Jardin d’Acclimatation de notre enfance. Quant à Eve, elle provoque un mini-embouteillage aux voitures électriques télécommandées. Au fait, on a vu Schreck en vrai, si si, il existe !
On ressort épuisé, les filles sont ravies et quant à moi, j’ai quelques mois de repos devant moi en attendant Disney World aux Etats-Unis.
Nous sommes attendus à Brisbane chez nos amis Martin et Michelle que nous avions rencontrés en décembre en Tasmanie. Les filles vont retrouver leurs copines.
Isa
Que d'aventures ! même si au passage quelques désagréments se glissent dans les bagages, mais c'est toujours une telle joie de parcourir le pays de ses rêves !
Encore un bel article à poster sur trivago, merci beaucoup
Amicalement
Mikaella
http://www.trivago.fr/australie-563
Rédigé par : Mikaella | 18 avril 2008 à 18:12