La Nouvelle-Zélande est composée de deux îles de tailles équivalentes. Il nous a fallu un mois pour découvrir l’île du sud, la plus sauvage et la moins peuplée, et il nous reste le même temps pour l’île du nord.
Nous arrivons donc à Wellington, la capitale, par ferry et partons à la recherche d’un endroit où dormir pour la nuit.
Comme partout lors de notre périple nous préférons le camping sauvage et nous ne nous arrêtons dans les campings payants qu’une fois par semaine pour prendre une douche décente, laver le linge sale et recharger les divers appareils.
Trouver des endroits tranquilles en Nouvelle-Zélande est finalement assez paradoxal. Nous trouvons assez facilement des coins reculés et accessibles en pleine nature, mais également des emplacements silencieux près des centres-villes.
Pourtant, rien n’est vraiment fait pour le « free camping » et il semble même que cela irrite de nombreux insulaires.
On se pose le soir venu, réjouis du « spot » qu’on vient de dénicher et au beau milieu de la nuit une voiture passe en trombe à côté de nous ou klaxonne à tout rompre.
Si ce n’est pas un complot pour promouvoir les infrastructures payantes, ça y ressemble !
De manière générale, l’ambiance néo-zélandaise est largement mercantile et l’on comprend que le tourisme est une des ressources essentielles au pays. Les commerçants sont plutôt affables, serviables et sympathiques, mais certains gérants de campings sont tout bonnement exécrables et psychorigides alors même que nous sommes en pleine morte-saison.
Par contre les villes regorgent d’ « opportunity shops » comme ceux que nous avons connus en Australie. Les « Vinnies (St Vincent de Paul) », « Salvation Army (Armée du Salut) » ou autre « Red Cross (Croix-Rouge) » sont des enseignes à but caritatif qui recyclent les vêtements usagés, les objets ménagers ou les livres.
Nous consacrons beaucoup de temps et y trouvons des dizaines de livres pour les enfants et nous-mêmes.
Lorsque nous ne trouvons pas notre bonheur nous poussons même dans les faubourgs à la recherche d’un centre de tri sélectif. Là, également pour quelques dollars, nous repartons avec une pile de livres usagés.
Le concept n’est pas révolutionnaire et existe aussi en France, mais le développement qu’il connaît dans ce pays est remarquable.
Également depuis l’Australie, une autre de nos révélations concerne Mac Donald’s, celui de Ronald et ses cheeseburgers, ou plutôt de ses McCafés.
Nous n’avions jamais vu cela en Europe mais ici, la plupart des Mac Donald’s sont aménagés avec un coin café à la décoration assez classe. Les matériaux sont beaux (bois, acier brossé, granit ou pierre de lave, galets) et le mobilier et les luminaires sont « design ».
On y sert des expressos à l’Italienne accompagnés de pâtisseries plutôt bonnes et Isa et moi profitons du cybercafé pendant que les enfants s’amusent dans le playground gigantesque.
Tout cela peut paraître anecdotique, mais notre voyage est fait en partie de ces petits instants du quotidien. Si on m’avait qu’un jour notre tour du monde m’aurait fait apprécier Macdo…
L’île du nord ressemble à l’île du sud en plus chaud. La campagne est très agricole et le paysage est un patchwork vallonné de champs enclos, peuplés d’innombrables moutons, vaches ou daims d’élevage. La forêt endémique, qui autrefois recouvrait 80% du territoire pour seulement 25% aujourd’hui, a été surexploitée pour laisser placez à l’élevage ou aux cultures. Le paysage est beau, mais partout l’empreinte de l’homme est visible. Les forêts plantées généralement de pins sont, quant à elles, assez moches et forment d’immenses tâches sombres uniformes qui n’invitent pas à la balade.
Pourtant lorsque le paysage se fait plus sauvage il s’en dégage une force inouïe. Les volcans, les geysers, les montagnes, les fjords, les lacs, les forêts humides, les glaciers sont autant de spectacles naturels préservés qui invitent à la méditation.
On devient contemplatif même s’il manque la dimension spirituelle que notre société a oubliée et qui reste l’apanage des peuples animistes comme les Maoris. Les paysages sont beaux, mais n’évoquent en nous aucune croyance, aucun mythe qui en rendraient leur perception encore plus profonde.
En visitant les musées dédiés à la culture Maorie ou aux peuples du Pacifique Sud, on comprend un peu mieux la signification qu’ils donnent aux phénomènes naturels et cela ajoute une dimension supplémentaire au voyage.
Il est bien dommage que l’artisanat Maori proposé dans les magasins ne soit pas à la hauteur de cette spiritualité car, au final, les objets sont médiocres et bas de gamme.
On en est réduit à acheter des pulls en laine de mérinos et poils d’opossum en guise de souvenirs !
Mais revenons à nos moutons… Wellington est une ville de taille moyenne en comparaison d’Auckland, mais très culturelle. Les musées, les galeries d’art, les théâtres et les cinémas sont légion. C’est bien sûr dans cette ville qu’eurent lieu les premières mondiales des épisodes du Seigneur des Anneaux où pour l’occasion un tapis rouge de 500 m de long avait été déployé. La trilogie est un patrimoine indéniable du pays et l’atlas routier qui nous guide pointe d’ailleurs l’ensemble des localisations extérieures où le film a été tourné. À croire que certains accros du film viennent en Nouvelle-Zélande pour y faire un véritable pèlerinage !
Le musée Te Papa est le bâtiment le plus marquant de cette ville. Situé en front de mer, son architecture est audacieuse et réussie et on y trouve de superbes collection d’art Maori ainsi que des salles dédiées à tout ce qui fait l’essence de la Nouvelle-Zélande. La présentation est originale et les différents « Discovery Centers » mis à la disposition des enfants sont excellents.
Après quelques jours passés à Wellington nous faisons route vers Napier sur la côte est qui, paraît-il, n’a rien à rivaliser avec Miami en ce qui concerne l’Art Déco.
La ville ayant été rasée par un tremblement de terre en 1931, elle fut reconstruite en deux ans, et ses bâtiments aux couleurs pastel sont décorés de motifs géométriques, de zigzags, d’éclairs et de couchers de soleil. L’unité de l’ensemble est assez frappante, mais la ville ne vaut certainement pas le détour. Bref, n’y allez pas.
Nous quittons la côte est assez déçus et arrivons au Tongarino National Park où se trouve le volcan Ngauruhoe rendu célèbre par Peter Jackson puisqu’il l’utilisa pour les scènes de Mont Doom dans le Mordor. Le parc comprend d’autres volcans tous en activité et l’endroit est magique sous le soleil automnal.
Nous passerons quelques jours à parcourir les massifs montagneux pendant plusieurs heures à la découverte de cascades, d’une flore surprenante et de coulées de lave sur lesquelles rien n’a encore poussé.
Un seul regret celui de ne pas avoir pu faire le Tongarino Crossing qui demandait 9 heures de marche en un jour et qui n’était vraiment pas envisageable avec les petites.
Nous avons en effet un problème de fond avec les filles en ce qui concerne nos balades. Eve arrive à l’âge critique de 3 ans où elle marche bien mais pas suffisamment pour nous suivre plusieurs heures durant. Elle est trop grande pour un sac porte-bébé, devient de plus en plus difficile à mettre sur les épaules, et ne se laisse pas porter facilement. Margot quant à elle rentre en plein préadolescence et commence à traîner des semelles (dans les deux sens du terme). Bref, il faut savoir composer avec ces nouvelles contraintes…
Tout le centre de l’île du nord est une zone thermale extrêmement active et les sources chaudes rythment nos arrêts. Nous nous arrêtons le soir vers 17h et allons passer quelques heures dans les piscines chaudes chargées en minéraux en tout genre. À l’heure du dîner nous sommes transformés en loques rougeoyantes et nous effondrons dans nos lits avant de sombrer dans un sommeil de plomb.
Du côté de Rotorua, entre deux piscines de boue bouillonnante et nauséabonde ou autre geyser éruptif, nous sommes intrigués par une drôle d’activité : le Zorb. Il s’agit d’une grosse boule en plastique translucide qui dévale une pente herbeuse pour finir mollement sa course sur un faux plat. On y pénètre par un orifice assez étroit et la gravité fait le reste !
Margot et Marie essayent la version « mouillée » et dévalent la colline dans une sorte de lessiveuse géante. Elles ressortent hilares et trempées. Quant à moi, j’essaye la version « sèche ». Je plonge la tête la première dans le trou. Une fois dans la bulle, on m’harnache tous les membres et on me pousse doucement dans le vide. La suite est une série de tonneaux qui dure une minute mais qui paraît une éternité. La bulle, non seulement dévale la pente et prend de la vitesse, mais elle se met également à bondir. C’est un vrai supplice, mais c’est finalement super chouette.
À Rotorua, nous nous baladons dans le complexe thermal de Puia et nous assistons à un spectacle culturel Maori assez captivant. Après la cérémonie d’accueil, les acteurs enchaînent des chants guerriers et des mélodies voluptueuses. C’est un peu un mélange de haka des All Blacks et de chansons vahinés, mais l’effet est là.
Sur la péninsule de Coromandel nous nous bivouaquons au bord de la plage afin d’être les premiers à profiter de la marée et creuser notre propre piscine thermale dans le sable.
Le café du coin a monté un vrai business et loue à vil prix des pelles aux touristes qui veulent profiter des sources chaudes qui affleurent au bord de la mer. En quelques dizaines de minutes la plage ressemble à un champ après un bombardement et les corps s’entassent dans les trous d’eau desquelles s’élèvent de fines fumerolles. La scène est assez surréaliste.
Auckland est la grande ville du pays. Elle ressemble aux grandes villes australiennes que nous avons connues et sa position les pieds dans l’eau la rend agréable. Nous ne ferons rien de plus que de nous balader dans les rues commerçantes grouillantes de monde et de compter les innombrables sushi bars (littéralement un tous les 50 mètres).
Nous y reviendrons dans quelques jours aussi nous ne nous y arrêtons pas plus longtemps.
Il nous reste à accomplir une petite boucle vers l’extrême nord de l’île dont la première étape est Whangaheri. C’est dans cette ville bordée par une marina superbe que nous ferons notre première rencontre néo-zélandaise. En effet, nous nous rendons compte que contrairement à ce que nous avons connu jusqu’alors dans notre voyage, nous ne lions connaissance avec personne. D’abord, le fait d’avoir quitté notre fourgon et notre caravane recouverts de fleurs nous rend sans aucun doute plus anonymes. Ensuite nous ne sommes qu’une famille de plus dans un camping-car et les gens sont sans doute assez blasés par les touristes.
Isabelle et Herbert un couple franco-allemand nous invitent à dîner et cela fait du bien de passer une soirée autour d’une table à échanger avec eux.
Notre dernière destination sera la Waipoua Kauri Forest véritable sanctuaire pour les quelques derniers kauris géants qui n’ont pas été abattus par les pionniers. De très belles balades en pente douce nous font flâner pendant des heures dans une oasis de verdure épaisse et humide.
Tout à coup, notre regard s’arrête sur un arbre aux dimensions extraordinaires. Un tronc de plus de 5 mètres de diamètres, des premières branches à 20 mètres de hauteurs, ce colosse de 50 mètres de haut se dresse devant nous. On estime que ces géants ont entre 1200 et 2000 ans. C’est un des spectacles les plus émouvants que nous ayons jusqu’alors.
Il n’en reste qu’une poignée aujourd’hui puisque leur exploitation a cessé. Mais l’histoire du kauri ne s’arrête pas là.
Les forestiers ont découvert des kauris géants enfoui dans le sol et dans les marécages. Ils auraient été abattus il y a plusieurs dizaines de milliers d’années par des phénomènes naturels et auraient été préservés de la putréfaction par la boue qui les a recouvert.
Donc aujourd’hui les bûcherons ont délaissé leurs tronçonneuses pour utiliser des pelleteuses et déterrer ces trésors de la nature. Le bois a perdu un peu de son élasticité mais reste dans un état de conservation extraordinaire.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez commander une planche de kauri de 45 000 ans pour votre table de salle à manger.
On est bien peu de chose…
Greg
Les commentaires récents