HONK KONG
Nous revoilà pour la cinquième fois à Bangkok, notre hub asiatique. Nous y retrouvons notre guest-house et nos habitudes de quartiers reprennent le dessus. Notre avion pour Hong Kong part demain et nous tuons le temps tranquillement : avant d’aller dîner au Ricky’s coffee shop, massage pour les filles, sieste pour Isa et Internet pour moi.
Deux surprises de taille nous attendent sur le Web.
La bonne : notre ami irlandais Aidan qui ne nous avait pas donné signe de vie depuis 10 mois se trouve aux Philippines et a décidé sur un coup de tête de nous retrouver à Hong Kong.
La mauvaise : le typhon Nuri frappe la zone, les gens sont cloîtrés chez eux et tous les vols de la journée ont été annulés.
Le lendemain matin, un appel au bureau de China Airlines me confirme que le vol de l’après-midi est maintenu et que nous devrions pouvoir arriver à Hong Kong sans encombre. Nous plions bagages et sautons dans un taxi pour notre dernière étape en Asie du sud-est.
Le voyage est un vrai pensum. Le vol est retardé de près de deux heures au départ de Bangkok. L’avion fait demi-tour à mi-chemin, puis retourne en direction d’Hong Kong où il atterrit avec 3 heures de retard. L’appareil reste sur le tarmac plus d’une heure, la récupération des bagages et le passage de l’immigration se font avec une lenteur déconcertante.
La plaque tournante de l’Asie se remet lentement du typhon de la veille et se dévoile à nous sous un jour particulier.
Nous sautons dans l’un des innombrables taxis rouges qui nous conduit vers Central, le cœur de la ville.
En ce lendemain de tempête, tout est calme, pas âme qui vive dans les rues pour un samedi soir et le chauffeur, qui porte des mitaines en cuir façon Fangio, nous dépose à la Century Tower où Eve et Benoît nous accueillent pour la semaine.
La première impression nocturne est fantastique : des idéogrammes, de l’eau qui scintille, des montagnes, des ponts, des tunnels, des entrelacs de routes à n’en plus finir et une infinité de petits points lumineux à l’horizon.
L’appartement d’Eve et Benoît est superbement situé dans Hong Kong Central à mi-pente du « peak » le long du funiculaire. La vue sur la baie depuis le balcon est sublime et l’on domine une forêt de gratte-ciels qui semblent accrochés comme des moules à leur rocher.
Le building où nous logeons est assez remarquable avec son architecture ronde seventies et ses petits carreaux de faïence marronnasse. L’ensemble a bien vieilli et a finalement beaucoup de caractère en comparaison des monstres d’acier et de verre qui poussent comme des champignons partout où cela est possible.
Ce qui rend la baie d’Hong Kong unique est, à mon sens, non pas l’esthétique des bâtiments pris individuellement mais plutôt l’incroyable densité d’immeubles de grande hauteur qui sortent de toute part sur un relief hyper accidenté plongeant dans la mer.
De loin, le genre architectural est la copie conforme de ce que produisent les mégalopoles occidentales et la touche asiatique n’est perceptible qu’au travers des échafaudages en bambou ou du drapeau chinois qui flotte fièrement sur certains édifices.
Dès le lendemain, nous prenons contact avec Aidan qui s’invite pour l’apéritif avec sa compagne philippine Geneviève. Ce sera le point de départ d’une semaine festive rythmée par les dîners, les sorties dans les bars et autres salons de massage de Hong Kong.
Depuis plus de deux ans, nos soirées se résument pour la plupart à des séances de lecture ou à la gestion des photos, du blog ou des e-mails.
Nous profitons de la chance qui nous est offerte d’avoir la nounou de nos amis à domicile pour laisser les filles quelques heures et sortir. Le bonheur…
Un jour c’est un repas en compagnie d’Aidan et Geneviève autour d’un plateau de fromages hallucinant ; le lendemain c’est une soirée où nous retrouvons des Françaises rencontrées à Bali plus d’un an auparavant ; le surlendemain c’est un massage des pieds (le meilleur jamais eu) suivi de quelques pintes dans un bar ; enfin c’est une soirée dans un pub où des groupes de musiciens philippins s’enchaînent pour reprendre assez habilement des tubes anglo-saxons.
Les chanteuses n’ont rien d’asiatique et l’une d’entre elles a même repris le tour de poitrine ainsi que les mimiques de scène de Tina Turner. Un grand moment…
Bref, Eve et Benoît sont bien décidés à nous sortir de notre univers familial et ils ne manquent pas d’idées ni d’énergie.
Un soir nous décidons tout de même de sortir notre marmaille et nous empruntons le ferry qui nous transporte vers Kaoloon. De là nous pouvons assister au show quotidien qui anime le front de mer d’Hong Kong. Il s’agit d’un spectacle son et lumière gigantesque qui dure un bon quart d’heure. Les plus imposants bâtiments sont équipés de rampes lumineuses qui sont pilotées par un ordinateur central qui les active au gré d’une musique synthétique assez irritante. Si le fond sonore ressemble à une démonstration sur un orgue Bontempi, le spectacle est globalement bluffant. C’est un peu une version asiatique concentrée des concerts de Jean-Michel Jarre à La Défense.
MACAO
« Macao, Macao, Macao
Ti plamb di maté
ça sent le sangue
écarlaté »
De Macao, la seule chose que je connaissais était la chanson de l’orchestre du Splendid. D’ailleurs ma méconnaissance nous a valu d’être refoulés une première fois aux douanes car pour passer d’Hong Kong à Macao, il faut son passeport ! Les territoires ont beau avoir été rétrocédés à la Chine respectivement en 1997 et 1999, les deux provinces sont manifestement étanches…
Macao ressemble plus à l’idée qu’on se fait d’une cité asiatique post-coloniale. Côté historique les vieux bâtiments d’influence portugaise sont superbes et particulièrement bien restaurés. Voir le portugais et le mandarin cohabiter sur tous les panneaux est une impression assez surréaliste. Les ruelles aux crépis à la chaux et aux couleurs ocre sont rehaussées de quelques lampions chinois multicolores du plus bel effet. Côté culinaire, on y retrouve les gâteaux aux œufs que nous avions adorés lors de notre année au Brésil mais également des immondes friandises à la viande de bœuf que les marchands découpent aux ciseaux.
Nous passerons le plus clair de notre journée à flâner sur les remparts de la vieille ville au milieu des édifices coloniaux en essayant de se frayer un chemin dans la marée humaine asiatique qui bat le pavé en ordre dispersé.
Mais Macao c’est aussi l’empire du jeu. On ne compte plus les casinos grandiloquents qui rivalisent d’originalité pour attirer le pigeon.
Las Vegas n’a qu’à bien se tenir car ici les taux de croissance de l’activité du jeu est exponentielle.
Tout est factice. Ici une fausse Venise, là une reproduction d’un quartier d’Amsterdam, là encore une pyramide égyptienne.
Mention spéciale pour les plus kitsch des buildings, le Grand Lisboa, structure monumentale en verre qui ressemble à une immense fleur de lotus dorée. C’est à vomir mais j’adore…
Nous n’aurons pas le temps de nous attabler à quelques parties de black jack ou autre roulette car le ferry du retour nous attend. Dommage.
Nos 6 jours à Hong Kong auront été le point d’orgue d’un périple asiatique de 2 mois et demi.
Le mode de voyage en sac à dos est au final très éprouvant et nous nous rendons compte à quel point le voyage itinérant en fourgon aménagé – caravane est plus fluide, spontané et simple. Nous retournons pour quelques semaines en France avant de retrouver notre maison à roulette à Buenos Aires et reprendre le cours de notre périple pour 2 ans. Nous avons hâte…
Greg
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